13/02/2019

Du cyrillique au grec, 2 semaines en terre hellénique 🇬🇷

Le précédent article étant rédigé depuis l’auberge de jeunesse au top de Санкт Петербург (Saint-Pétersbourg), il nous restait quelques heures à passer en Russie avant d’entrer en Grèce (si vous en avez ras le bol de la Russie, vous pouvez sauter ce paragraphe !). Le retour à Москва (Moscou) en train se fait sans encombre. Sur le quai avant de partir nous discutons quelques instants avec un couple franco-russe. Elle, russe, a un sourire immense lorsque nous lui disons que nous avons passé un mois et demi sur sa terre natale. Leur train part six minutes plus tard et arrive deux heures plus tôt... De nouveau dans les rues de la capitale, une grande différence d’ambiance se fait sentir par rapport aux fois précédentes. Nous sommes le 15 janvier et les vacances sont maintenant terminées (le 1er de l’an du calendrier orthodoxe correspond à notre 14 janvier). Chalets et pistes de luges sont démontés, les rues paraissent bien vides. La place rouge semble déserte quand nous entrons dans le mausolée de Ленин (Lénine). Le moment est très particulier. Nous sommes ainsi face à cet homme qui a marqué l’histoire, embaumé et reposant paisiblement. C’est particulier également car nous ne sommes pas autorisés à nous arrêter plus de quelques secondes. Cela donne une impression de procession silencieuse dans cette boîte à la lumière tamisée. Suite à la tentative ratée de la dernière fois, on renouvelle la présentation à l’entrée de la galerie des arts européens des 19ème et 20ème siècles. Il est très agréable de se promener entre les œuvres de Monet, Degas, Van Gogh, Munch, Picasso, etc. Certains rappellent à Médy ses visites amstellodamoises, d’autres des hésitations sur le choix des visites à Oslo. Finalement, des sculptures nous font penser (!) à une galerie de Glasgow. La journée se termine à l’auditorium du théâtre Большой (Bolshoï). N’ayant pas pu avoir de représentation dans la grande salle, nous nous sommes rabattu sur du piano de compositeurs russes. À nouveau, tout le monde est bien habillé. La soirée est en trois parties et les émotions montent crescendo, le dernier volet est magnifique. Cela clos parfaitement l’épisode russe de notre voyage. Il nous faut encore un peu de temps pour digérer tout ce que nous avons aimé dans cette Russie aux multiples facettes. Ce qui est déjà certain, c’est que nous avons été subjugués !

Le changement de culture est plutôt brutal. On quitte un peuple doux et avenant pour une culture méditerranéenne quelque peu ... sanguine ! Cela commence avec un enguirlandage par une hôtesse de l’air pour une broutille. Et cela se reproduira quelques fois au cours du séjour. Malgré ce choc, nous rencontrons également des personnes au sourire éclatant de sincérité qui nous remontent le moral pour apprécier ce pays qui a beaucoup à offrir.


Il nous faut également ré-apprendre des bases dans une nouvelle langue. L’alphabet latin est absent de notre quotidien depuis maintenant deux mois et demi. Et ce n’est pas en Grèce que nous le retrouvons. Nous devons donc nous familiariser avec ces lettres que l’on utilise régulièrement en sciences et qui ont servi de base à la création du cyrillique. En entendant cette langue, on trouve beaucoup de similitudes avec l’espagnol. Principalement car ni Estelle ni Médy ne parlons espagnol, et du fait des R roulés ou différents sossotages. Peut-être aussi du fait de leur tendance à parler extrêmement fort ! Une dame rencontrée en fin de séjour évoque des sonorités slaves. Nous ne l’avions pas remarqué mais en y repensant c’est tout à fait juste ... surtout quand ils ne crient pas ! Ce n’est qu’après une bonne semaine que nous arrivons à lire le grec. C’est bien utile car sur la route, la potentielle signalétique écrite en latin se trouve généralement très proche du croisement. Avec la tendance des automobilistes à rouler vite et très proches les uns des autres, il est préférable d’avoir lu le panneau en grec se trouvant quelques mètres avant d’avoir à tourner ! D’autant plus utile que les applications GPS ne sont pas vraiment à jour en Grèce.


L’arrivée en Grèce a plusieurs significations pour notre voyage. C’est le synonyme de l’entrée dans l’Europe soit la possibilité de ranger précieusement les fragiles passeports. C’est l’entrée dans la zone euro, cette devise qui nous rappelle franchement la maison. C’est aussi la diminution du décalage horaire à une heure d’avance sur la France. Et finalement, c’est sensé nous amener des températures plus chaudes permettant de ranger gros manteaux, gants et autres équipements pour le froid. Dès le premier jour à Αθήνα (Athènes), le ciel est d’un bleu sans nuage. La température est d’environ 15 degrés ce qui nous fait ôter les pulls dès la mi-journée. Bien sûr, les grecs eux, sont en gros manteau avec un mercure à ce niveau ! Après des baklavas dans notre super studio Airbnb, en route pour se dégourdir les jambes autour de l’acropole. La vue du soleil nous fait un effet qu’on n’avait pas prévu. Nous nous régalons à déambuler entre les oliviers, théâtres et temples antiques. Les palais de Санкт Петербург (Saint-Pétersbourg) et de ses environs nous avaient permis de bien assimiler ce qu’étaient des atlantes. Ces statues d’hommes forts portant le bâtiment sur leurs épaules. On découvre, voisines du parthénon, les caryatides qui sont leur pendant féminin. Autre similitude avec la Russie, l’emploi du sifflet pour rappeler à l’ordre fumeurs, poseurs pour photos en positions inadaptées ou autre entrave au règlement.


Nous traversons le quartier de Πλάκα (Plaka) après avoir fait le tour de l’Olympion juste avant la fermeture. En raison de restrictions budgétaires, le nombre d’employés de la fonction publique a été fortement réduit. Cela mène ainsi tous les sites touristiques à fermer entre 15h et 15h30 en basse saison, nous obligeant à revoir notre façon d’organiser les journées. On visite ainsi le quartier aux ruelles étroites en découvrant les feuilletés locaux au fromage en guise de déjeuner. L’ambiance est plutôt agréable et la vue sur l’Acropole à chaque coin de rue est toujours aussi surprenante. Après le rythme des jours précédents, l’avion et la journée ensoleillée, on rentre s’essayer à une coutume locale : la sieste !


Vendredi 18 janvier, deuxième journée dans les rues d’Αθήνα, nous continuons les visites de sites archéologiques. Toujours sous le soleil, nous arpentons les Agora (grecque puis romaine) entre colonnes, sculptures en marbre et oliviers. Au milieu des stèles du cimetière antique, Médy tente d’initier Estelle au sifflotement sans grand succès. Les gravures funéraires nous rappellent évidemment celles vues en Mongolie. À la différence notable que celles-ci sont superbement bien conservées et encore plus vieilles. Mais qui sait, il suffirait peut-être d’équipes d’archéologues un peu moins accrocs à la chaleur pour faire de belles découvertes en Asie centrale... Nous terminons tranquillement l’après-midi au musée moderne de l’Acropole. Le soleil couchant offre une lumière magnifique sur les sculptures et sur la colline rocheuse au pied de laquelle nous nous trouvons. Les frontons et frises sont bien mis en valeur. Nous pensons également au bonheur d’être là sans grande foule pour profiter de ce bel endroit. Après un verre de vin à la terrasse panoramique, il est temps de rentrer se reposer. Mais avant cela, goûtons un souvlaki, spécialité grecque.



Dès le début et jusqu’à la fin du séjour en Grèce, nous nous régalons de grillades. Que ce soit des brochettes comme les souvlakis ou de la viande émincée comme les gyros. Accompagnés de pita et tzatziki, nous adorons ! Les mezzes que l’on goûte sont très bon mais pas vraiment différents de ce que l’on peut trouver en France. Sûrement plus goûteux et élaborés, mais ce n’est pas transcendant. On apprécie les yaourts dont la texture effraie un peu moins Estelle qu’en France. Avec du miel, qu’est-ce que c’est bon ! Tellement le miel d’ici est fameux, on ne touche pas une seule fois au pot importé de Russie... Il faut dire que l’on croise des milliers de ruches partout dans les campagnes. Cela nous fait penser à l’oncle de Médy, Jean-Paul. On retrouvera le produit de ses abeilles à notre retour et il n’a pas à rougir face à la concurrence méditerranéenne ! Le miel est ici décliné dans de nombreux mets. Il y a bien sûr les baklavas, mais aussi des feuilletés à diverses garnitures et d’excellents gâteaux aux oranges. Rien à voir à ce que l’on peut trouver en France. Le goût est très délicat, cela change du côté amer que l’on a généralement chez nous.



Le samedi matin, il est temps de récupérer notre petite voiture de location pour faire route vers le sud. Notre idée est de visiter le Πελοπόννησο (Péloponnèse). Nous serons obligés de revenir pour visiter d’autres lieux comme les îles de la mer Égée ou Μετέωρα (Météores). Après une sortie de la ville sportive entre scooters et doubles voir triples files, nous atteignons le canal de Κορίνθου (Corinthe). Commencé pendant la période antique, il a été terminé à la fin du 19ème siècle. La canyon ainsi creusé est différent de ceux rencontrés aux USA mais la verticalité de ses paroies sont impressionnantes ! En continuant vers Ναύπλιο (Nauplie), on fait un passage par un petit amphithéâtre antique. Nous nous retrouvons au milieu des orangers et oliviers. Certains de ces arbres ont des troncs immenses, ils doivent avoir quelques siècles derrière eux. Tout au long de notre passage en Grèce, nous sommes impressionnés par ces arbres tortueux cultivés à perte de vue. Jusqu’à être répartis en terrasse lorsque le relief le nécessite. Le lendemain à l’ouverture (et après un succulent petit déjeuner à la pension où nous séjournons), nous sommes dans le théâtre d’Epidaure. Le guide du routard indique qu’il ne faut surtout pas se laisser décourager par la file d’attente de plusieurs centaines de mètres. Nous ne comprenons vraiment pas cette remarque en arrivant aux caisses... On se retrouve donc seuls dans cet amphithéâtre vieux de plusieurs milliers d’années. L’acoustique y est remarquable et ses gradins sont extrêmement bien conservés. Médy fait une démonstration de sifflotage puis Estelle est stoppée en pleine chansonnette par le coup de sifflet de la gardienne. Le reste du site présente diverses ruines dont celles d’un bâtiment qui pourrait être le premier hospice au monde !





En descendant dans le sud de la péninsule, nous nous arrêtons dans une chapelle logée dans une grotte. Cette dernière se trouve dans une doline (cavité circulaire due à l’érosion du calcaire, que les géologues nous corrigent si il y a confusion !) où paissent quelques moutons. Les constructions sont modestes et donnent un aspect authentique au lieu. À nouveau, nous sommes seuls et c’est loin de nous déplaire. Nous arrivons vers 13h au port d’Ερμιόνη (Ermioni) et embarquons pour l’île de Ύδρα (Hydra). Au cours de l’après midi passée à crapahuter sur ce gros rocher, le ciel se noircit très dangereusement. Depuis le monastère se trouvant proche de l’un des sommets, on prend la mesure de l’orage qui nous arrive dessus. La décision est prise de redescendre au plus tôt pour se mettre à l’abris dans un café jusqu’à l’heure d’embarquer à nouveau. La pluie et la grêle sont plus rapides que nous et le parapluie ne protège pas grand chose. Estelle a un imperméable qui ne l’est plus vraiment et la doudoune de Médy n’est clairement pas résistante à l’eau ! Enfin arrivés trempés au village, la pluie qui s’était un peu calmée repart de plus belle. Nous nous retrouvons coincés sous une marquise sans pouvoir traverser la rue. En l’espace de quelques secondes cette dernière s’est transformée en torrent puissant. Le courant ne se calme pas et il est temps d’aller sur les quais pour attendre le bateau. Pour ajouter un peu de piment, nous attendons de quitter la tempétueuse île de Ύδρα pendant une heure de plus que l’horaire prévu. Nous ne sommes pas les seuls à patienter, cela nous rassure un peu ...



Il est prévu du beau temps pour la journée de lundi. Dans un premier temps, nous grimpons le presque millier de marches qui montent au château. De là nous pouvons admirer l’eau bleue de la mer où se baignent quelques courageux (ou des russes). On comprend bien l’emplacement stratégique de la fortification. Depuis les différents bastions, on a en visu toute la baie, une partie de la plaine ainsi qu’une portion de la route que nous empruntons le soir même. Suite à cette visite, nous nous rendons à Μυκήνες (Mycènes). Lieu central de la civilisation mycénienne qui a précédé la Grèce classique dès le 18ème siècle avant J.-C. Les tombeaux royaux creusés et maçonnés sont immenses. Les pierres utilisées pour le construction sont parfois en excellent état et de tailles plus que vénérables. Les vestiges de la ville révèlent une organisation très élaborée dont un approvisionnement en eau souterrain pour résister aux sièges potentiels. La porte principale de la ville est décorée de deux lions finement taillés. Le musée qui termine la visite présente une série de sculptures et objets courants. Les plus vieux objets remontent au néolithique, soit avant les mycéniens. Cette journée ensoleillée contraste franchement avec la veille. Lorsque le soir tombe, nous sommes dans les montagnes du nord du Μάνη (Magne) pour aller poser nos valises à Σπάρτη (Spartes). 



La route serpente dans la montagne. Au pied d’une paroi rocheuse, nous apercevons une construction blanche qui semble agrippée à la falaise. Il s’agit en fait du monastère Ελώνης (Elonas) que l’on ne fait qu’entrevoir depuis la grille close au fond d’une micro-route. En arrivant à proximité du col, il y a de plus en plus de sacs plastiques au sol. Au bout des quelques minutes, on se rend compte qu’il s’agit en fait de petits tas de neige ! Une fois dans le village le plus haut, la route est entièrement recouverte de neige... Et dire qu’en Russie, on a choisi la Grèce pour se rapprocher de la maison en optant pour un climat plus doux... L’adorable réceptionniste de l’hôtel s’en excuse dans un français parfait. La présence de neige dans les environs de sa ville semble lui ôter les mots de la bouche. Il est prévu que la pluie se remette à tomber dès le mardi en fin de matinée. On décide donc de se lever tôt pour prendre le petit déjeuner sur l’une des terrasses de Μωνεμβασιά (Monemvassia). Construit par les francs au 13ème siècle, la forteresse a des airs de Mont-Saint-Michel. On est d’ailleurs parfaitement placé sur la ligne imaginaire de l’épée de l’archange Saint-Michel reliant plusieurs lieux saint au travers de toute l’Europe et jusqu’à Jérusalem. Le village se loge sur les flancs d’un rocher, surplombant la mer. L’unité esthétique de l’architecture est parfaite. Toutes les maisons sont construite avec de belles pierres nues ou enduites à la chaux. Aucune voiture n’y circule et les matériaux utiles aux travaux sont amenés par des chevaux. Le dédale de ruelles est très plaisant à arpenter. On profite encore un peu du soleil avant que des nuages menaçants n’apparaissent. Il nous reste quelques mètres à parcourir lorsque les premières gouttes se mettent à tomber... Nous passons le reste de la journée à découvrir la région du Μάνη. On se croirait en Écosse ou en Irlande. Les pierres grises ont été utilisées pour monter des séparations entre les près ou les maisons. Peu d’éléments laissent penser que le tourisme est développé ici. Cela donne ainsi un aspect authentique et presque rude. Le relief est montagneux, les vagues s’éclatent sur les rochers à plusieurs centaines de mètres en contrebas de la route. Par endroits, au dessus de la mer, des trous dans les nuages laissent passer de fins rayons de soleil pour ajouter au caractère mystique du paysage. En fin d’après-midi, pour se reposer après une route difficile, nous prenons un goûter dans un café de Αρεόπόλη (Areópoli). Plusieurs personnes sont en plein débat en italien. Cela rappelle à Médy la portée de la voix de nombreux italiens de son travail et nous prépare à ce que nous rencontrerons bientôt en Italie !



À quelques kilomètres de Σπάρτη, se trouve Μυστράς (Mystras). Initialement, une forteresse a été construite par les francs suite à l’invasion de l’empire byzantin par les croisés. Cette première forteresse est posée au sommet d’un pic rocheux avec une magnifique vue sur la plaine. Il faut attendre les quelques éclaircies pour y voir quelque chose. En contrebas, des constructions byzantines se sont ajoutées et la présence ottomane a ensuite laissé des marques. Cette dernière occupation est décrite comme très permissive quant au culte des habitant du Πελοπόννησο. Les différents lieux de culte encore debout regorgent de décorations datant du 13ème au 15ème siècle, que ce soient des fresques, des bas reliefs ou autres sculptures. Aux pieds de la forteresse, nous sommes abordés par un américain suivi de deux grecs. Il est là pour rapprocher de Jésus les âmes égarées. C’est assez spécial de croiser ce monsieur dans les environs d’une cité créée suite à une croisade qui a vu des chrétiens attaquer d’autres chrétiens. En fin de journée, nous subissons une colère divine. Un énorme orage éclate lorsque nous finissons la route. On ne sait plus si c’est la nuit ou seulement le nuage qui obscurcit le ciel. Nous ne profitons pas vraiment de la vue sur la mer demandée lors de la réservation. Le vent est si fort et la pluie si violente qu’il serait bien inconscient d’essayer d’ouvrir la baie vitrée.


La journée suivante où nous rejoignons la ville de Αρχαία Ολυμπία (ancienne Olympie) est l’occasion de découvrir la montagne au cœur du Πελοπόννησο. Entre les averses légères, de magnifiques arc-en-ciel s’étendent de bout en bout dans les vallées que nous dominons. Au point culminant de la route, nous faisons halte pour visiter le temple d’Apollon. Il est en très bon état et demeure très imposant malgré la tente qui l’abrite. On l’imagine facilement imposer le respect des grecs antiques avec ses dimensions et sa position au sommet de la montagne. Nous avons deux nuits à Ολυμπία dans l’idee d’avoir une journée entière pour visiter le site archéologique et les musées associés. La pluie qui s’abat ce jour là nous pousse à visiter le musée en premier pour ne pas avoir à le faire une fois trempés. Nous retrouvons donc des éléments dont on commence à reconnaître les périodes : statuettes néolithiques, céramiques géométriques, sculptures classiques, etc. S’y trouve également une impressionnante statue de victoire, cet espèce d’ange féminin ailé dans une position qui représente le mouvement vers l’avant. Il y a également une statue d’Hermès portant l’enfant Dionysos en marbre poli dans un excellent état. Les grandes dimensions des frontons du temple de Zeus laissent imaginer la taille de la bâtisse que nous verrons sur le site (sous la pluie donc ...). Sont aussi exposés quelques moules en terre servant à former les morceaux en verre de la toge d’une statue. C’est comme cela que l’on se rend compte du niveau d’ornement que les statues pouvaient avoir à l’époque. Elles étaient bien loin de leur aspect actuel en marbre blanc nu. Elles étaient peintes, avaient des incrustations de bronze, cuir ou autre et donc également des décorations en verre. La partie à ciel ouvert est recouverte d’eau et la pluie n’a pas cessé... Les temples, le gymnase, le stade et les différentes administrations n’en sont pas moins impressionnants. Le site n’est pas énormément étendu mais les bâtiments en eux-mêmes sont vraiment imposants. La principale cause de destruction de la cité a été un tremblement de terre. Puis quelques pillages ont fini le travail. Vu la taille des colonnes du temple de Zeus couchées au sol, on veut bien croire que seul un séisme est capable de détruire une bâtisse si immense. Avant de rentrer à l’appartement pour sécher un peu, on fait un tour par le musée des jeux olympiques antiques. Les différents sports pratiqués et leur date d’apparition sont expliqués.




Avant de quitter le Πελοπόννησο, nous passons par le château de Χλεμούτσι (Chlémoutsi) également construit lors de la présence franque. Non loin de là, on fait une petite étape au bord d’une lagune boisée de pins d’Alep. Une multitude d’oiseaux se reposent là et l’ambiance est quelque peu perturbée par les travaux du village voisin. Nous arrivons dans l’après-midi à Ναύπακτος (Neupacte). Le village est situé sur le golfe de Κορίνθου. Son petit port protégé par les fortifications est mignon comme tout. Malgré la taille plutôt modeste du bourg, le nombre de bars et restaurants est assez important. Vu le charme de la ville, on le comprend facilement. C’est depuis le parvis de la forteresse qu’on profite le mieux du paysages. Bien que les bougainvilliers en fleur cerclant le petit balcon de notre chambre fournissent une belle concurrence ! Pour changer des plats grecs (et surtout par ce qu’on cherche une table à 20:30, quelle idée...), nous finissons la journée dans une crêperie peuplée d’adolescents en pré soirée.



Le site archéologique suivant est la ville de Δελφοί (Delphes). C’est aussi le dernier de la liste pour la Grèce. Non des moindres, on y trouve de magnifiques vestiges de temples et bâtisses offertes par les différentes cités. Ici, le temple majeur est celui d’Apollon. Mais l’intérêt principal du site est son emplacement. En hauteur, il domine une magnifique vallée boisée d’oliviers. Et plus loin, la mer bleue... Le stade creusé à flanc de falaise qu’il ne faut surtout pas manquer est malheureusement fermé au public. Qu’à cela ne tienne, il fait beau, nous dégottons un petit sentier qui devrait surplomber le site archéologique. Gagné ! Nous nous retrouvons juste au-dessus du stade avec une vue plongeante sur ce dernier. On ne regrette vraiment pas d’avoir remis au lendemain la visite du musée archéologique. Du belvédère, la vue à près de 360 degrés est magnifique. Le vent souffle tout de même et de gros nuages noirs sont en chemin pour nous rendre visite. De là-haut, on aperçoit un canal qui serpente dans la montagne. On l’avait croisé en voiture quelques heures auparavant lorsque nous montions. Son emplacement et sa taille nous intriguent. Qui l’a construit, quand et pour quelle utilisation ? Il nous faut creuser la question et peut y jeter un œil de plus près. Encore quelque chose à ajouter au programme du lendemain ! Le soir, on comprend rapidement que c’est jour de match de foot quand tous les restaurants sont vides jusqu’à 22h. La clientèle des quelques cafés ouverts est rivée aux écrans ! On se décide finalement pour une pizzeria même si dans quelques jours nous serons en Italie...



Lundi 28 janvier, programme chargé. Nous débutons la journée par un excellent petit déjeuner à l’hôtel après s’être fait réveiller par les premiers rayons de soleil de la vallée. Première étape de la journée, le musée archéologique. Plusieurs statues et bas reliefs sont en très bon état. On peut évoquer un beau taureau en bronze avec parties en or (dont les cornes et les testicules). La dernière salle expose un conducteur de char en bronze dans un état exceptionnel. À la sortie du musée nous contournons la montagne Παρνασσός (Parnasse). Cette dernière fut le lieu de culte de Dionysos et a inspiré le nom d’une butte puis d’un quartier de Paris (coucou klarimode). Nous faisons ensuite route pour le monastère d’Οσίου Λουκά (Hosios Loukas). De pur type byzantin, il renferme de magnifiques mosaïques et quelques sculptures remarquables. Un énorme arbre trône au milieu de la terrasse. Son ombre doit être bien agréable en été quand le soleil tape fort. Pendant la majorité de notre visite nous sommes les seuls touristes dans l’enceinte. On profite donc à fond de la sérénité du lieu avant de retourner à Δελφοί par la route côtière. Les lacets de cette dernière surplombent le golfe de Κορίνθου. Cela n’empêche pas les locaux de rouler à fond en doublant dans les virages. En fin d’après-midi, nous descendons ainsi le sentier qui mène à la mer pour aller voir le canal de plus près. Il fait quelques gouttes qui cessent rapidement, rien qui ne nous retienne sérieusement. La promenade est en majeure partie dans les oliveraies en étages. Comme dans une multitude de lieux que nous avons traversé, nous observons une grande quantité de ruches d’abeilles. Vu tous les plats à base de miel et celui qu’ils mangent simplement en tartine ou dans du yaourt, il faut bien loger les butineuses ! Quelle surprise, l’eau du canal s’écoule dans le sens opposé que nous imaginions ! À quelques centaines de mètres de l’endroit où le sentier arrive, un tunnel permet à l’eau de continuer sous la montagne. Pourtant, dans cette direction, la montagne s’élève de plus en plus haut. Il s’agit en fait d’un grand aqueduc qui relie un réservoir à la région d’Αθήνα. Il parcourt plusieurs centaines de kilomètres et traverse de nombreux tunnels. Sa construction date des années 70. En découvrant tout cela, on n’est pas déçus d’être descendus jusqu’ici.




Dernier test de conduite anarchique, la traversée d’Αθήνα pour aller rendre la voiture de location. Nous sommes heureux de rendre le bolide sans aucune égratignure malgré la multitude de dangers affrontés. Les scooters, arrêts en triples files, autobus qui débordent et taxis qui déboulent de partout n’auront pas eu raison ni de nous ni des rétroviseurs ! Nous profitons de la dernière journée et demie dans la capitale grecque pour apprécier encore un peu les ruelles aux pieds de l’acropole. On en profite aussi pour visiter deux musées ayant de belles expositions ainsi que le stade olympique. Ce dernier a été reconstruit en 1898 là où se trouvait celui de l’antiquité. Ses gradins sont en marbre et sa forme est fidèle à l’originale. La construction est belle et l’exposition de flambeaux et affiches bien sympa. Dans les musées, encore et toujours des statues de monsieurs (ou dieux, mais c’est presque pareil) tout nus ! L’un des soirs, dans un restaurant du quartier de Πλάκα, nous discutons avec un couple de lyonnais. Ils sont adorables et nous échangeons même la fin des pichets de vin pour goûter blanc et rosé ! Il nous reste quelques oranges à terminer sur les 10 kilos achetés en début de parcours. Elles sont tellement bonnes qu’il serait vraiment dommage de les jeter. On décide donc d’acheter un presse-agrumes pour en tirer le jus. Ça prendra moins de place et ce sera moins lourd à porter. On en obtiens tout juste un litre, la gourde est remplie !



Nous on aime bien les plannings rigoureux (!) alors comme lorsque nous quittions l’Amérique du Nord le 31 octobre, nous quittons la Grèce le 31 janvier. Le bateau nous attend à Πάτρα (Patras) pour atterrir à Bari en Italie le 1 février. Dans le bus pour se rendre au port, la lumière est spectaculaire entre les nombreuses averses. Nous longeons alors le golfe de Κορίνθου par la rive sud opposée à la route que nous avions pris auparavant. Au guichet pour échanger le billet électronique contre le ticket d’entrée sur le bateau, la dame est particulièrement indélicate. On gardera une image très contrasté de ce pays. Les habitants peuvent être souriants et très gentils comme désagréable au possible. Est-ce la crise qui en a rendu certains amers ? Est-ce l’euro ? Est-ce le fait qu’on ne parle pas leur langue ? Est-ce une mentalité naturellement fière et orgueilleuse peu tolérante vis à vis des touristes ? Ou est-ce simplement qu’on a des têtes qui ne leur reviennent pas ? Si vous avez visité ce beau pays avant les années 2000, nous serions vraiment intéressés par votre avis sur la question ! La météo humide aura bien modéré l’image d’une Grèce où l’on brule au soleil. Découvrir les sites archéologiques fut malgré tout une certaine source d’émotion en imaginant le raffinement d’un peuple qui a été capable d’élaborer tant de choses.


Dans le bateau, nous ressortons les duvets et tapis de sol. Personne ne vient nous embêter, on se réveille donc avec la côte italienne à l’horizon. Le ciel est dégagé, on espère que ce changement de pays est le moment où la météo devient plus clémente !

4 commentaires:

les thev's en voyages a dit…

Complètement différent du haut de la carte superbe très bon itinéraire pour revenir à la maison ;-)

Dinos a dit…

ah oui bien différent ,pas de rando vers grands espaces sauvages? ou moins sensibles ? Contente d'avoir repris la lecture de votre escapade, tellement branchée sur le feuilleton que ça me manquait! Eh bien... plus d'urbanisme, esprits grincheux et giboulées, vous avez testé vos compétences à retrouver la métropole ;), bonne préparation pour rentrer :)...ça approche!

Élice a dit…

C'est beau aussi la Grèce dites-donc ! La météo mitigée vous a tout de même offert de magnifiques lumières on dirait ! Bon choix pour se réaclimater en douceur à votre retour en France. J'espère qu'on aura droit à un article italien avant votre retour ;) Profitez à fond de la fin du voyage les copains !! (par contre, vous avez écrit 28 février au lieu de 28 janvier... c'est pour voir si on suit ?)

Médy a dit…

Je pense que l’on doit manquer de repos ! En tout cas merci Alice de suivre avec autant d’attention :)

Nous avons laissé les grands espaces sauvages en Sibérie... L’approche de l’Europe nous éloigne un peu des grandes étendues. On avoue en être un peu nostalgiques !