21/11/2018

Première semaine en Mongolie 🇲🇳

En choisissant le parcours de ce voyage, le transsibérien était la partie immuable que l’on voulait faire. La distance parcourue et la quantité d’endroits variés traversée nécessitant plus de temps que des vacances classiques. Et au milieu de ce transsibérien, c’était la Mongolie que nous voulions absolument visiter. Estelle comme Médy, nous sommes pleins d’images de ce pays mystérieux depuis notre jeunesse. La plupart des choix que nous avions fait pour ce voyage étaient orientés vers les grand espaces. Et c’est à nos yeux la Mongolie qui représente au mieux cet esprit. Cela fait ainsi de nombreux mois que nous sommes très excités à l’idée de visiter enfin ce pays.


L’arrivée dans la capitale mongole est plutôt fraîche. Il est 14:30, le chauffeur de la pension nous attend avec une pencarte au milieu des taxis improvisés. Sur le parking, nous patientons le temps que le propriétaire de la voiture nous bloquant arrive. Ils laissent tous leur numéro de portable derrière le pare-brise et se serrent comme des sardines. Le trafic est dense et de nombreuses personnes agitent la main vers les voitures depuis le trottoir. Les voitures qui s’arrêtent n’ont pas l’air de taxis, il faudra poser la question... Après s’être installés, on sort se promener dans le centre-ville. Le soleil descend rapidement et l’air est glacial. Nous croisons des gens très beaux. Que ce soient des hommes ou des femmes. Les visages semblent très expressifs malgré le peu de surface visible. Certains sont habillés dans un style occidental et d’autres ont des tenues traditionnelles. Nous sommes rassurés de les voir quasiment tous porter bonnet, chapka, casquette ou capuche. Nous ne sommes donc pas les seuls a en ressentir le besoin ! Avant de trouver un restaurant pour manger, on dégote une écharpe pour Estelle. Le resto végétarien recommandé par le guide est vraiment bon. On y mange des plats typiques mongoles revisités pour ne pas comprendre de viande.



Le mois de novembre en Mongolie, et l’hiver en général, est peu propice au tourisme indépendant. Nous l’avions découvert rapidement en préparant le voyage. Nous avons donc choisi de faire appel à des agences locales. Au final c’est avec 2 différentes agences que nous visitons la Mongolie. La première nous fait découvrir Улаанбаатар (Oulan-Bator) puis le nord-ouest jusqu’au lac Хөвсгөл (Khövsgöl) jumeau du lac Байкал (Baïkal) côté russe. La seconde est réservée aux parcs autour de la capitale et au sud-ouest jusqu’à Хархорин (Karakorum) l’ancienne capitale. Visiter un pays avec guide, chauffeur et paiement en avance est une première pour nous. Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre mais on est super excités !


C’est donc le vendredi 16 novembre que nous débutons cette découverte. C’est très agréable de se laisser guider. On voit des objets au musée national qui sont des copies de ce que nous verrons en vrai en pleine nature. Certaines statues de l’ancien palais d’été/hiver sont également des reproductions des originales exposées au musée de l’Ermitage de Санкт Петербурге (Saint-Petersbourg). On les verra donc en vrai en Janvier. Nous avons vraiment l’impression de faire plein de choses en une seule journée. Se faire trimballer en voiture privée n’est pas très écolo mais c’est efficace. Et puis au moins on est 4 dans la voiture ! Nous avons ainsi visité le monastère de Гандантэгчинлэн (Gandantegchinlin), le musée d’histoire nationale, la place Чингис Хааны (Gengis Khan), le palais d’été/hiver du Богд Хааны (Bogd Khan) et la colline Зайсан avant de prendre le train de nuit pour Эрдэнэт (Erdenet).


En visitant le monastère, on découvre les efforts du peuple pour retrouver leurs symboles supprimés pendant la période communiste du pays. Nous assistons également à des récitations de prières par les étudiants bouddhistes. Estelle profite des rouleaux à prières installés un peu partout pour souhaiter le meilleur à Morgane qui est sur le point d’accoucher. Au musée, on découvre quelques éléments de l’histoire du pays. Il y a, entre autres, les pierres ornées de cerfs et tertres funéraires sur lesquels nous reviendrons plus tard. Les symboles du pays et les tenues traditionnelles des différentes ethnies sont également exposées. Évidemment, une section est dédiée à l’empire construit par Чингис Хааны et la vision qu’il avait pour son peuple. Le palais royal, communément appelé palais d’hiver, est en fait celui pour l’été ET l’hiver. Le bâtiment hivernal a été accolé aux palais d’été après que l’ancien ait brûlé à quelques centaines de mètres de là. Ce premier et unique roi a été choisi par le peuple après l’indépendance du pays concédée par la Russie au début du XXème siècle. C’était un moine né au Tibet et qui avait fait beaucoup pour la Mongolie après y avoir émigré pendant son enfance. Ce dernier n’a bien-sûr pas pu résister à la vague bolchévique dans les années 50. Avant de prendre le train en début de soirée, on fait un tour sur une colline surplombant la ville. On sent de l’ironie lorsqu’on fait le tour du monument qui s’y trouve, initialement construite à la gloire des valeurs communistes.



Le train de nuit que nous allons prendre n’est pas encore ouvert quand nous arrivons à la gare. En descendant du train avec son fils, l’hôtesse lui dit au revoir à la manière mongole : elle lui colle le nez sur la joue pour le sentir. C’est tendre et surprenant à voir, comme un bisou esquimau ! Le diminutif du guide est Maн qu’il faut prononcer « Man », autant l’appeler par son nom. Dans le train nous partageons donc le compartiment avec Maн. C’est sympa, ça nous permet d’apprendre à se connaître en jouant aux cartes et en buvant des bières. Sauf que c’est interdit de picoler dans les trains intérieurs... L’hôtesse ferme notre porte pour nous cacher après nous avoir un peu grondé !


Au matin, on est donc rejoints en gare d’Эрдэнэт par Мөөгий le chauffeur qu’il faut prononcer « Mougui ». Il est tout sourire bien qu’il doive quand même être fatigué de la route depuis UB, comme ils disent ici. Nous mettons un peu de temps à trouver l’hôtel où on doit poser nos sacs et prendre le petit déjeuner. On est le samedi matin, la haute saison est terminée depuis deux mois environ... Tout tourne un peu au ralenti. Nos lunchbox en poche, nous partons de l’hôtel vers 11h. La destination du jour est un monastère perdu au fond d’une vallée à une centaine de kilomètres de la ville. La moitié de la route est asphaltée, la fin est en terre. On sort rapidement de la ville pour se retrouver dans d’immenses plaines, ce doit être ça les steppes ! Le bétail est nombreux, bien plus que les humains (55 millions contre 3 millions). Les chèvres et les moutons sont mélangés. Les vaches et les chevaux font bande à part. On sent que les vaches sont bien spécifiques du coin. Elles sont trapues et plus balèzes que les nôtres, elles ont un regard plus proche de celui des bisons. Parfois on voit un cavalier regroupant son troupeau avec l’aide de quelques chiens. Les habitations sont dispersées. En général, on trouve une yourte ou deux pour loger les humains et trois ou quatre abris en bois pour le bétail. Le tout entouré de palissades sur trois ou quatre côtés. Le vent pouvant être très froid et puissant, on comprend ces protections. Parfois, les palissades sont vides, signe d’un nomadisme encore bien réel. Seuls les chevaux sont laissés en liberté toute l’année. Eux n’ont pas besoin d’être mis à l’abris et leur propriétaire vient se servir lorsqu’il en a besoin d’un.





Après la traversée de grandes plaines, le chemin commence à serpenter entre les montagnes. La route, quoique bien présente sur Google Map, est formée d’une multitude des traces de voitures. Chacun choisissant le passage qui lui plaît ou qui lui semble praticable. Sur chacun des cols, des monticules de pierres et bois sont ornés de bandes de tissus colorés. Ce sont les marques de vénération des esprits de la montagne propres au chamanisme. Puis, à nouveau une steppe immense. Et ainsi de suite jusqu’à apercevoir l’enceinte peinte en rouge au fond de la vallée. L’arrivée au monastère est marquée par les passages à gué de la rivière qui serpente dans la vallée. Après les nombreux gués traversés en Islande, c’est la première fois que nous en avons un complètement gelé. Ça craque un peu sous nos roues mais ça tient le coup ! Le monastère, comme beaucoup d’autres, a subit l’intransigeance communiste. Mais depuis les années 90, il a été en majorité reconstruit. La porte du complexe est fermée à notre arrivée. Мөөгий toque à la yourte voisine puis se rend au dortoir Des Moines. Le jeune homme qui nous fait la visite semble quand même avoir froid dans sa robe rouge à ceinture dorée. Même avec chaque main enfilée dans l’autre manche. Le monastère est impressionnant et intéressant à visiter. Le complexe initial a été construit en l’honneur du premier leader spirituel du bouddhisme mongol, Занабазар (Zanabazar). Le temple principal est assez imposant et l’histoire de sa construction moderne marquée de rebondissements. Comme l’histoire du charpentier en charge du toit, jugé trop payé et fainéant qui est renvoyé à la maison. Après plusieurs décès de ses remplaçants pour tenter d’assembler les pièces de bois, il est décidé de le rappeler. Dommage, il est lui-même même décédé entre temps... La toiture n’a donc jamais été terminée et des colonnes ont été ajoutées pour soutenir une protection d’assemblage plus moderne. Ça nous rappelle les principes de construction traditionnelle chinoise où toutes les pièces sont assemblées comme un casse-tête ... chinois ! Dans la cour, comme dans tous les palais et monastères visités jusqu’ici, une belle yourte trône. C’est le lieu des cérémonies et réceptions de personnes importantes. Mais le plus majestueux reste l’intégration de ces bâtiments solennels dans le paysage de plaine enneigée et montagnes environnantes. Sur le chemin du retour, la neige commence à tomber. Les éleveurs s’affairent, ils sont nombreux à être de sortie pour rassembler leur troupeau. Certains sont à cheval, d’autre en moto, toujours accompagnés de chiens. Ces derniers semblent bien s’amuser à courir après les chèvres et moutons.




La température extérieure tourne toujours entre -10 et -20 degrés pendant la journée. On sent vraiment la différence entre les deux extrêmes. Au plus froid, les narines se collent quand l’humidité gèle. Au plus chaud, on peut même sortir faire pipi dehors sans manteau... enfin presque ! Le dimanche, nous avons 5h de route vers la ville de Мөрөн (Mörön). En chemin nous faisons une étape pour gravir un volcan de forme circulaire parfaite. La route en terre qui y mène est en réalité complètement enneigée. Мөөгий gère parfaitement sur la glace. Le cratère du Уран Тогоо (Uran Togoo) est seul dans la plaine. On gravit l’ascension en suivant les quelques traces dans la neige entre les arbres. C’est extrêmement grisant d’être seul dans des espaces aussi immenses. La suite de la route vers le nord est parfois complètement gelée ou enneigée. En mangeant le déjeuner dans un petit restaurant, on observe les quelques âmes qui vivent. Des dames allant jeter leurs poubelles traversant de grandes surfaces gelées en talons. Des petits oiseaux au ventre jaune gonflé cherchant des graines. Ou encore des camions transportant de bonnes quantités de laine et de peaux. Parfois, une moto avec quelques moutons à l’arrière.



Au départ, il était prévu que nous dormions deux nuits en hôtel à Мөрөн. Finalement, Maн a trouvé une pension au bord du lac Хөвсгөл. Ce dernier étant à 1h30 de voiture, cela nous permettra d’en profiter jusqu’aux derniers instants. Au matin, la ville de Мөрөн est prise dans un nuage de pollution. Il s’avère qu’il s’agit de la seconde ville la plus polluée du pays après la capitale (malgré une population de quelques dizaines de milliers d’âmes contre 1,5 M pour UB). La zone est encerclée de montagnes et quand il fait froid, tous les poêles brûlent bois ou charbon. La première étape du jour est un ensemble de pierres dressées et ornées, entre autres, de cerfs. Cela ressemble fortement aux menhirs gaulois et datent 1000 à 2000 ans avant notre ère. Ils mesurent de 1 à 2,5 mètres de haut et certains présentent des gravures encore très bien conservées. Ce sont les originales dont les copies étaient visibles au musée d’Улаанбаатар. Il semblerait qu’elles représentent des êtres humains car sur certaines des visages sont encore bien reconnaissables. On discerne également des ceintures, des boucles d’oreilles ou encore un bouclier. Il semble que les cerfs très nettement visibles soient en fait des tatouages. Ces pierres dressées sont au nombre de 700 dans le monde (sûrement bien plus en vrai car certaines ont été enterrées dans des tombes plus récentes), 500 en Mongolie et le reste dans les pays voisins comme la Russie, le Kazakhstan ou la Chine. Le site, perdu dans la steppe, est bordé de barrières métalliques. Sûrement pour empêcher le bétail de venir abîmer les précieuses reliques. De nombreuses crottes sont tout de même visibles et Estelle fait fuir un lièvre tranquillement assis sur un rocher. Le site est également composé de tumulus formés d’amas de pierres encerclées par des alignements de formes carrées ou rondes. Ils datent de la même période.



Depuis la veille, toutes les terres traversées sont couvertes de neige. Après l’étape sur le site funéraire, notre route nous emmène encore plus au nord. On prend également de l’altitude en grimpant dans la montagne. Nous atteignons ainsi les altitudes permettant l’élevage des yacks (1800 mètres, 1300 pour UB et la moyenne du pays, plus de 4000 pour les sommets les plus élevés à l’est). Ressemblant à des vaches au premier abord, ils ont en fait la fourrure bien plus longue et certains ressemblent à des yétis à quatre pattes ! La pension est atteinte à temps pour le déjeuner. Nous dormirons dans des yourtes pour la première fois... on est super content ! Nous passons l’après-midi au bord du lac. Tout d’abord sur sa côte ouest en traversant des forêts de résineux enneigés. L’eau du lac est extrêmement pure, environ 2% de la réserve d’eau douce de la planète. Malgré une température avoisinant les -20 degrés, l’eau n’est pas encore gelée à cet endroit. Cela rappelle vaguement à Médy ses cours de thermodynamique ! Les galets au bord de l’eau sont complètement gelés, collés entre deux par la glace. La partie du lac à côté de notre pension est, elle, bien gelée. Des motos roulent dessus et des gens récupèrent de l’eau claire par un trou dans la glace. Nous aussi on roule dessus avec notre gros 4x4. Maн et Мөөгий ne sont pas très confiants, on ressort du lac pour se garer au bord. La glace a une épaisseur de 15 à 20 cm et atteint les 1,30 m au cœur de l’hiver. C’est quand même suffisant pour marcher et s’amuser dessus. On se promène sur une glace complètement transparente. Des bruits fusent quand elle se fissure. Comme si on faisait claquer un câble d’acier ou un lasso. C’est également l’occasion de ressortir nos crampons achetés au Canada. Je prête les miens à Мөөгий que cela fait bien rire de marcher en bottines de ville sans glisser.






Le mardi, c’est déjà l’heure de rentrer à Эрдэнэт pour reprendre le train. Après un bon petit déjeuner et quelques dribbles avec le husky de la maison, on monte en voiture. C’est toujours un plaisir de traverser ces paysages. On se dit que tout nous paraîtra bien petit en rentrant en France. Les animaux sont toujours dans les parages. Les moutons sont ordonnés tous dans le même sens, face au vent. Les biquettes courtes sur pattes trottinent au bord des routes. Les yacks se promènent dans la neige en compagnie de quelques yétis. Les bœufs traversent la route pile quand on arrive. Les chevaux grattent la glace de leur sabots pour trouver de quoi se nourrir. Les vautours tournent dans le ciel ou attendent que l’on s’en aille pour retourner à leur festin...





Nous avons eu l’occasion de goûter plusieurs plats différents lors de cette première semaine. La nourriture était quelquechose qui nous inquiétait un peu avant notre arrivée. Les repas se sont avérés tous très bon. On a eu le droit à des soupes de légume et viande de mouton, des soupes à la betterave et viande de bœuf, des pains à la viande, de la viande sautée aux légumes, etc. C’était toujours très bon et jamais aussi fort qu’en Chine. Ce point de vue là a donc été une très agréable surprise pour nous.


17/11/2018

Beijing -> Ulaanbaatar - Transsibérien 1/3 🚂

Notre départ de Beijing en transmongolien est prévu à 7h27 le mercredi 14 novembre. Nous nous levons donc à 5h, pour ne pas stresser. On rend la carte de notre auberge à l’accueil à 5h30 devant un colombien bien imbibé qui ne comprends pas qu’on se lève si tôt, et encore moins qu’on parte vers le froid en Mongolie !


Notre bus arrive quand nous nous approchons de l’arrêt. À 6h on cherche à grignoter un truc à la gare sans trop de succès. La salle d’attente pour le « check-in » est presque vide, pourtant on nous a demandé d’y être 40 min avant le depart. Ceux qui arrivent posent leurs valise en file, comme si elles faisaient la queue pour eux. On se demande si on devrait les copier, mais on ne bouge pas. Finalement, 30 min avant le départ, un autre guichet est ouvert, tout le monde s’y précipite... en fait on n’est pas très nombreux, moins de 100 je pense.

On s’installe rapidement pour ne pas prendre trop de place au cas où nos voisins de cabine arrivent. Le train est bien fait, nos sacs à dos rentrent parfaitement dans la caisse sous la banquette. En fait personne n’entre dans notre wagon. Quand le train part (pile à l’heure) seul le gestionnaire du wagon est là ! Il nous donne nos draps et nos tickets repas. Youpi on ne se contentera pas de grignotages tout le long des 31h de train prévues ! MégaYoupi on est que tous les deux dans le wagon entier :)



Sur les premières heures, les tunnels alternent avec les montagnes et la rivière dans un brouillard de moins en moins épais. On devine même le soleil de temps en temps. Après, ce sont de grandes étendues de champs. Le paysage et les heures défilent pendant que nous jouons, lisons, somnolons... Un monsieur passe pour resserrer notre fenêtre. En effet, il fait frais ! Même si son intervention n’est pas inutile (on ne sent plus le vent), on a du mal à se réchauffer. Et pourtant, le chauffage à charbon du wagon tourne à plein badins. On sacrifie un de mes t-shirt en arrivant à la frontiere vers 20h : il remplace assez bien le joint défectueux !


En parlant de frontière, nous sommes accueillis sous la neige par une brigade qui garde nos passeports jusqu’au dernier moment, 3 minutes avant le départ ! Nous nous dégourdissons les jambes en testant nos manteaux bien chaud, jusqu’à ce qu’on nous demande de remonter dans le train. Dommage, on discutait avec un voyageur de Mont De Marsan... C’est parti pour le changement des bogies, on se fait secouer sans aucun échappatoire possible. Les wagons sont décrochés de la locomotive et le wagon restaurant chinois est retiré. Le train est divisé en deux pour rentrer en entier dans le hangar. On est ensuite surélevés à 2 m du sol pour enlever les bogies chinoises. Les bogies russes sont finalement placées à l’endroit des précédentes. Mais pourquoi tout ce bazar vous vous direz ?! Simplement car les chemins de fer russes et mongoles sont d’espacement légèrement plus important que dans le reste du monde. L’objectif était, à l’époque des débuts des chemins de fer russes, d’empêcher une éventuelle invasion. Les machines standards n’étant pas à la bonne dimension, impossible de circuler en Russie !



On quitte le hangar pour revenir à la gare où nous étions sortis. Le wagon restaurant mongole est attelé et la locomotive mongole prend le relais. C’est à ce moment que l’on nous rend nos passeports et un bon nombre de personnes prend place dans le train. Les hommes embarqués à cet arrêt sont bruyants, ils ont l’air exités d’être en voyage. Le lendemain l’un d’eux me demande de lui prêter notre chargeur, il est trop content quand il voit que ça fonctionne sur la prise de 48V. Ça servira à plusieurs de ses copains, jusqu’à ce qu’il nous le rende accompagné de très bonnes brioches.



Quand on repart après 4h30 en gare d’Erlian, c’est pour 30 minutes de route. La douane mongole inspecte scrupuleusement les wagons. La douanière sourira au final de voir Médy à moitié endormi ! La nuit est courte ensuite, avec un beau ciel étoilé à chaque fois que j’ouvre les yeux. À 7h20, c’est le lever de soleil sur les collines qui est grandiose. On salue les chevaux, les chameaux, les vaches... Quelques humains aussi :) On aperçoit même un cavalier au galop s’enfuyant au loin.



Ça serpente de plus en plus en approchant d’Ulaanbaatar. On voit aussi de plus en plus de yourtes, puis quelques maisons, et finalement un flan de montagne tout habité, les cheminées des centrales à charbon... on est arrivés !



Côté repas, tout est très bon dans le wagon restaurant chinois : porc et oignons caramélisés avec chou-fleur le midi, boulette de viande et céleris croquants le soir. Je n’aime ni le chou-fleur, ni les céleris mais là, c’était très bien préparé ! On a eu l’agréable surprise d’avoir 2 repas inclus dans le billet du côté chinois. Dans le wagon mongole, on se sent dans le transmongolien à 100% avec une super décoration, et leurs soupes sont délicieuses ! On est bien contents qu’ils acceptent nos derniers yuans. On y croisera chaque fois un autre couple, qui avait l’air aussi heureux et émerveillé que nous !




Le froid en sortant est saisissant, mais notre hôte nous accueille chaleureusement sur le quai. Même s’il nous est difficile d’échanger avec lui avec nos peu de mots mongols apris dans le train, on sent sa bienveillance.


Première portion du transmongolien achevée avec succès ! La prochaine, on devrait goûter la vodka :)


15/11/2018

Deux semaines en terre du milieu 🇨🇳

En quelques heures d’avions, changement de paradigme ! Nous quittons la première puissance mondiale aux gros bras pour rencontrer sa rivale aux milliards de petits bras. Au passage, nous survolons des zones glaciales terres de volcans encore fumants. Par la même occasion, avec le jeu des fuseaux horaires, nous perdons une journée de notre vie ! Soit le 31 octobre où nous nous sommes levés vers 5h soit le 1er novembre où nous sommes couchés vers minuit après une 15aine d’heures de vols et correspondance...


Nous ne sommes pas sur un pied d’égalité pour cette visite en Chine. Médy y a passé deux mois au cours de l’été 2010 et a donc quelques images en tête. Estelle n’y a jamais mis les pieds mais a quelques représentations issues des récits de son entourage. Le vendredi 2 novembre, nous préférons nous promener tranquillement en évitant les lieux trop touristiques. Les rues sont particulièrement calmes, on sent que l’automne est là. L’air est légèrement frais et on aperçoit quelques trous de ciel bleu au travers des nuages. Les klaxons sont rares et le traffic plutôt calme avec une majorité de scooters électriques. Nous déambulons calmement dans les Hutongs en refusant de temps en temps les propositions de transporteurs à vélo.


Premier essai de l’alimentation chinoise à un comptoir de la rue piétonne. Une soupe de nouilles aux légumes pour Estelle 🍲 et un saint-pierre aux herbes pour Médy. Notre voisin de table nous fait un sourire et approuve nos choix. C’est très fort mais très bon également ! On adoucit tout ça avec des churros au coulis de chocolat. Nous terminons la journée avec l’escalade de la colline surplombant la cité interdite. Un aperçu de l’immense complexe impérial que nous visiterons le lendemain. La nuit tombe rapidement, autour de 18h. Ça tombe bien, on a encore besoin de se reposer.



Nous rejoignons la cité interdite par l’entrée principale au sud. Heureusement que nous avons pris nos passeports, le contrôle de sécurité au niveau de la place Tienanmen scane toutes les pièces d’identité. Nous en avons aussi besoin pour acheter les billets pour la cité interdite. Pour aller de la place à l’entrée de la cité, la foule nous porte. Sur le pont nous passons entre les militaires à lunettes noires. On sent qu’ils ne rigolent pas ! Une fois entrés, comme tout est immense, on peut facilement se séparer de la foule. On la retrouve au moment du repas dans une grande cantine. Le menu nous plait beaucoup quand même : le riz accompagné de champignons ou poulet est très bon. Après quelques allers/retours à l’est puis à l’ouest, on se retrouve coincés à l’heure de la fermeture. Les chinois qui ferment les grandes portes sont sec pour faire faire demi-tour à la bande de jeune devant nous. On comprend qu’on ne pourra pas sortir par là... Tant pis, on marche un peu plus pour prendre le metro en direction du parc du temple du ciel. L’ambiance y est paisible. Les arbres aux couleurs d’automne sont bien alignés, même si quelques indisciplinés ont été conservés. Estelle convainc Médy de partir en direction d’un restaurant de nouilles sautés conseillé par le guide. On ne le trouve pas (comme Médy se doutait) mais on tombe sur un quartier très sympa. Pas de vendeurs ambulants, mais plein de boutiques proposant des fringues, de la nouriture, des brochettes de fruits sous gelée brillante,... on se décide pour une sorte de kebab : viande à l’oignon et à la coriandre et pain au sésame. C’est encore un délice.




Le dimanche, nous choisissons de visiter un quartier entièrement dédié à l’art moderne chinois. C’est un ancien site industriel qui a été transformé en galeries d’art, boutiques design et fresques ou sculptures démesurées. L’ambiance est paisible mis à part la course de voitures de sport dans le labyrinthe de cuves et machines bizarres. On y croise principalement la jeunesse pékinoise avec de fortes influences occidentales. On y croise aussi un policier 👮‍♂️ discutant avec deux dinosaures 🦖 et des vaches patriotes. Avant de rentrer, nous faisons un détour par la cité olympique avec son fameux stade en forme de nid d’oiseau.







Le lundi, il est temps d’aller faire un tour sur cette muraille de Chine entre Gubeikou et Simatai. Estelle est déçue d’apprendre que le fait qu’on la voit depuis la lune est une intox mais l’excitation est quand même là ! Nous arrivons à notre auberge en milieu de journée après quelques déambulations dans le village pour en trouver l’entrée. Cela nous laisse le temps de poser nos affaire et d’aller se promener un peu avant le coucher de soleil. L’auberge est superbement décorée avec un hôte parlant parfaitement anglais d’une manière très douce. Les douches sont chauffées, les cuvettes des toilettes aussi. Dans le salon/salle à manger il y a une fontaine d’eau filtrée, une belle bibliothèque, des sièges en cuir ultra confortables et la nourriture servie est excellente. On a y d’ailleurs abandonné le livre Dulmaa « prêté » par Rachel pour en faire profiter les prochains visiteurs francophones.



Malgré le court passage de la veille sur la muraille, la visite principale est pour le mardi. Près de 20 km de marche sur des tronçons dans des état de restauration variables. On doit même en contourner une partie se trouvant dans une zone militaire. L’un des deux soldats nous adresse la parole pour le plus grand stress d’Estelle. Celui-ci veut simplement pratiquer son anglais et s’avère très gentil. Il termine par un « have a safe travel » parfaitement adapté ! Les paysages sur la muraille sont superbes. Celle-ci longe la crête à perte de vue. Sa construction a été ordonnée pour protéger l’empire des invasions mongoles par le nord. Nous croisons peu de monde. C’est certain, on est bien en basse saison ! La seule perturbation pourrait être le doux son des messages de sécurité sur les haut-parleurs des zones restaurées le plus récemment. Le soir, nous dînons entre trois américains. Le premier en stage pour une entreprise française à Singapour et les deux autres biologistes/chimistes en visite après une conférence océanographique à Beijing.



Nous nous dirigeons vers la capitale en milieu de journée le mercredi car le soir, nous partons pour Xi’an en train couchette. Dans le train, nous partageons le compartiment avec deux jeunes gens. Le premier est manager commercial pour des équipements sportifs. Il a à cœur de pratiquer son anglais et c’est très agréable d’échanger avec lui. La seconde est une dame très discrète que l’on n’entendra pas dire un mot du voyage. Après ces 14h de train, une journée et demie de repos sont obligatoires pour cause de problème digestif de Médy.


C’est donc seulement le vendredi soir que nous reprenons les visites avec les imposantes tours de la cloche et du tambour. Comme il fait nuit, les illuminations sont impressionnantes. On retourne à l’auberge en traversant le quartier musulman et les rues piétonnes débordant de vie et d’animation. Les odeurs de nourriture chinoise ne retournent pas le ventre de Médy, c’est bon signe ! Le lendemain, il est temps de visiter l’armée des soldats en terre cuite de l’empereur Qin. Cette armée a été enterrée là environ 200 ans avant notre ère et devait protéger l’empereur dans l’au-delà. Elle est constituée de plusieurs milliers de fantassins, archers ou chars tractés par des chevaux taille réelle. Tous en terre cuite peinte et équipés d’armes. Les fosses sont immenses et la foule nous laisse quand même des espaces pour profiter du spectacle. On se rend ainsi compte que chaque soldat a un visage et une coiffure différents. Leur posture, leur corpulence est également propre à chacun. C’est troublant de réalisme !



Nous passons le reste de la journée à nous promener en ville. Le quartier musulman est toujours aussi animé. La grande mosquée de Xi’an est intéressante par son style complètement chinois. Des gravures en arabes sont quand même visibles par endroit. L’endroit est paisible, c’est agréable. On traverse ensuite le « souk » pour se diriger finalement vers la grande pagode de l’oie sauvage. Cette pagode en briques/pierres a été construite plus de 1000 ans auparavant et est entourée de parcs. À la tombée de la nuit, tout est éclairé. Ce n’est pas super cool pour la pollution lumineuse mais c’est très joli et poétique !



Dimanche, retour à Beijing, notre auberge nous attend. Pour ce trajet, nous choisissons le train express qui ne met que 6h pour parcourir les milliers de kilomètres. Le TGV est moderne avec ses écrans qui affichent la vitesse instantanée. Le maximum atteint est de 308 km/h !

Il nous reste deux jours à passer à Beijing avant de prendre le transmongolien. Pour commencer, réveil aux aurores pour faire l’ouverture du zoo et kiffer les pandas tout seuls. C’est réussi, nous sommes en tête à tête avec les nounours. Fidèles à eux mêmes, ils manient le bambou avec une dextérité gourmande. Nous quittons la zone quand le premier groupe d’américains débarque en braillant. On se promène encore quelques heures parmi les animaux avant de retourner à l’hôtel se reposer. Le soir, nous allons au marché de nuit de Donghuamen. On y déguste quelques roulés, brochettes et bouchées avant de retourner se coucher.



À la veille de notre départ vers la Mongolie, quelques courses s’imposent : lait hydratant, madeleines, pistaches et pipas pour grignoter lors de nos 30 heures de train, 3L d’eau, livres en français trouvés dans la librairie de l’institut français de Beijing. L’après-midi, nous déambulons dans les parcs de la white pagoda et du Zhongshan. On ne rentre pas trop tard pour finir nos sacs. Étant passés plusieurs fois devant un restaurant où faire ses grillades soi même, on décide d’y passer notre dernière soirée. On copie un peu nos voisins pour gérer la cuisson et les mélanges. C’est délicieux !



Conclusions chinoises par Médy. C’est une Chine beaucoup plus posée que j’ai trouvé 8 ans après ma première venue. C’est peut-être uniquement justifié par la période différente de visite. Les personnes sont moins bruyantes. Il est toujours possible d’en entendre un répondre au téléphone en faisant participer l’ensemble du train. Mais c’est beaucoup plus rare et à un niveau de décibels bien plus faible. Les coups de klaxon sont encore bien présents mais en quantité tout de même plus faible. Un plus grand nombre de personnes semblent réellement patientes. C’est également visible dans les files d’attentes où seulement quelques petites vieilles essayent encore de gruger. La plupart des gens semblent utiliser les poubelles présentes partout. Ils font même des détours pour jeter leur plastique ou se baissent pour ramasser les coquilles de pistaches ! Je ne suis par contre pas vraiment sûr qu’ils fassent complètement attention à quelle poubelle ils destinent leurs déchets. Recyclables ou non, de toute façon, si ça se trouve, les deux se retrouvent probablement dans les mêmes centre de traitement des déchets. C’est Estelle qui a repéré la première de grandes étendues vert fluo depuis l’avion (elle m’a piqué mon hublot aussi !). Ce sont en fait de grands filets qui permettent de contenir la poussière. On en a vu vraiment partout par la suite et c’est une initiative plutôt pas mal à mon goût.


Conclusions chinoises par Estelle. Je me suis inquiétée pour rien : oui il y avait beaucoup de monde mais je me suis sentie très à l’aise, que ce soit à Beijing, à Goubeikou ou à Xi’an ! Même si beaucoup de monde nous regarde, il y a un peu de curiosité mais aussi beaucoup de bienveillance dans les sourires croisés. Nous avons sûrement été dans les endroits les plus touristiques du pays, ça explique peut être que beaucoup de choses soient écrites en anglais. Mais plusieurs personnes nous ont parlé anglais, simplement par gentillesse. Il y a même un petit garçon qui m’a demandé que je le prenne en photo avec Médy dans un anglais parfait ! J’avais aussi très peur de la nouriture, mais à part la mauvaise expérience d’une « crêpe-omelette cheese-durian » (j’avais juste vu « crêpe au fromage ») tout était très bon ! J’ai même retrouvé des saveurs de Guyane (ça fait toujours plaisir).