21/11/2018

Première semaine en Mongolie 🇲🇳

En choisissant le parcours de ce voyage, le transsibérien était la partie immuable que l’on voulait faire. La distance parcourue et la quantité d’endroits variés traversée nécessitant plus de temps que des vacances classiques. Et au milieu de ce transsibérien, c’était la Mongolie que nous voulions absolument visiter. Estelle comme Médy, nous sommes pleins d’images de ce pays mystérieux depuis notre jeunesse. La plupart des choix que nous avions fait pour ce voyage étaient orientés vers les grand espaces. Et c’est à nos yeux la Mongolie qui représente au mieux cet esprit. Cela fait ainsi de nombreux mois que nous sommes très excités à l’idée de visiter enfin ce pays.


L’arrivée dans la capitale mongole est plutôt fraîche. Il est 14:30, le chauffeur de la pension nous attend avec une pencarte au milieu des taxis improvisés. Sur le parking, nous patientons le temps que le propriétaire de la voiture nous bloquant arrive. Ils laissent tous leur numéro de portable derrière le pare-brise et se serrent comme des sardines. Le trafic est dense et de nombreuses personnes agitent la main vers les voitures depuis le trottoir. Les voitures qui s’arrêtent n’ont pas l’air de taxis, il faudra poser la question... Après s’être installés, on sort se promener dans le centre-ville. Le soleil descend rapidement et l’air est glacial. Nous croisons des gens très beaux. Que ce soient des hommes ou des femmes. Les visages semblent très expressifs malgré le peu de surface visible. Certains sont habillés dans un style occidental et d’autres ont des tenues traditionnelles. Nous sommes rassurés de les voir quasiment tous porter bonnet, chapka, casquette ou capuche. Nous ne sommes donc pas les seuls a en ressentir le besoin ! Avant de trouver un restaurant pour manger, on dégote une écharpe pour Estelle. Le resto végétarien recommandé par le guide est vraiment bon. On y mange des plats typiques mongoles revisités pour ne pas comprendre de viande.



Le mois de novembre en Mongolie, et l’hiver en général, est peu propice au tourisme indépendant. Nous l’avions découvert rapidement en préparant le voyage. Nous avons donc choisi de faire appel à des agences locales. Au final c’est avec 2 différentes agences que nous visitons la Mongolie. La première nous fait découvrir Улаанбаатар (Oulan-Bator) puis le nord-ouest jusqu’au lac Хөвсгөл (Khövsgöl) jumeau du lac Байкал (Baïkal) côté russe. La seconde est réservée aux parcs autour de la capitale et au sud-ouest jusqu’à Хархорин (Karakorum) l’ancienne capitale. Visiter un pays avec guide, chauffeur et paiement en avance est une première pour nous. Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre mais on est super excités !


C’est donc le vendredi 16 novembre que nous débutons cette découverte. C’est très agréable de se laisser guider. On voit des objets au musée national qui sont des copies de ce que nous verrons en vrai en pleine nature. Certaines statues de l’ancien palais d’été/hiver sont également des reproductions des originales exposées au musée de l’Ermitage de Санкт Петербурге (Saint-Petersbourg). On les verra donc en vrai en Janvier. Nous avons vraiment l’impression de faire plein de choses en une seule journée. Se faire trimballer en voiture privée n’est pas très écolo mais c’est efficace. Et puis au moins on est 4 dans la voiture ! Nous avons ainsi visité le monastère de Гандантэгчинлэн (Gandantegchinlin), le musée d’histoire nationale, la place Чингис Хааны (Gengis Khan), le palais d’été/hiver du Богд Хааны (Bogd Khan) et la colline Зайсан avant de prendre le train de nuit pour Эрдэнэт (Erdenet).


En visitant le monastère, on découvre les efforts du peuple pour retrouver leurs symboles supprimés pendant la période communiste du pays. Nous assistons également à des récitations de prières par les étudiants bouddhistes. Estelle profite des rouleaux à prières installés un peu partout pour souhaiter le meilleur à Morgane qui est sur le point d’accoucher. Au musée, on découvre quelques éléments de l’histoire du pays. Il y a, entre autres, les pierres ornées de cerfs et tertres funéraires sur lesquels nous reviendrons plus tard. Les symboles du pays et les tenues traditionnelles des différentes ethnies sont également exposées. Évidemment, une section est dédiée à l’empire construit par Чингис Хааны et la vision qu’il avait pour son peuple. Le palais royal, communément appelé palais d’hiver, est en fait celui pour l’été ET l’hiver. Le bâtiment hivernal a été accolé aux palais d’été après que l’ancien ait brûlé à quelques centaines de mètres de là. Ce premier et unique roi a été choisi par le peuple après l’indépendance du pays concédée par la Russie au début du XXème siècle. C’était un moine né au Tibet et qui avait fait beaucoup pour la Mongolie après y avoir émigré pendant son enfance. Ce dernier n’a bien-sûr pas pu résister à la vague bolchévique dans les années 50. Avant de prendre le train en début de soirée, on fait un tour sur une colline surplombant la ville. On sent de l’ironie lorsqu’on fait le tour du monument qui s’y trouve, initialement construite à la gloire des valeurs communistes.



Le train de nuit que nous allons prendre n’est pas encore ouvert quand nous arrivons à la gare. En descendant du train avec son fils, l’hôtesse lui dit au revoir à la manière mongole : elle lui colle le nez sur la joue pour le sentir. C’est tendre et surprenant à voir, comme un bisou esquimau ! Le diminutif du guide est Maн qu’il faut prononcer « Man », autant l’appeler par son nom. Dans le train nous partageons donc le compartiment avec Maн. C’est sympa, ça nous permet d’apprendre à se connaître en jouant aux cartes et en buvant des bières. Sauf que c’est interdit de picoler dans les trains intérieurs... L’hôtesse ferme notre porte pour nous cacher après nous avoir un peu grondé !


Au matin, on est donc rejoints en gare d’Эрдэнэт par Мөөгий le chauffeur qu’il faut prononcer « Mougui ». Il est tout sourire bien qu’il doive quand même être fatigué de la route depuis UB, comme ils disent ici. Nous mettons un peu de temps à trouver l’hôtel où on doit poser nos sacs et prendre le petit déjeuner. On est le samedi matin, la haute saison est terminée depuis deux mois environ... Tout tourne un peu au ralenti. Nos lunchbox en poche, nous partons de l’hôtel vers 11h. La destination du jour est un monastère perdu au fond d’une vallée à une centaine de kilomètres de la ville. La moitié de la route est asphaltée, la fin est en terre. On sort rapidement de la ville pour se retrouver dans d’immenses plaines, ce doit être ça les steppes ! Le bétail est nombreux, bien plus que les humains (55 millions contre 3 millions). Les chèvres et les moutons sont mélangés. Les vaches et les chevaux font bande à part. On sent que les vaches sont bien spécifiques du coin. Elles sont trapues et plus balèzes que les nôtres, elles ont un regard plus proche de celui des bisons. Parfois on voit un cavalier regroupant son troupeau avec l’aide de quelques chiens. Les habitations sont dispersées. En général, on trouve une yourte ou deux pour loger les humains et trois ou quatre abris en bois pour le bétail. Le tout entouré de palissades sur trois ou quatre côtés. Le vent pouvant être très froid et puissant, on comprend ces protections. Parfois, les palissades sont vides, signe d’un nomadisme encore bien réel. Seuls les chevaux sont laissés en liberté toute l’année. Eux n’ont pas besoin d’être mis à l’abris et leur propriétaire vient se servir lorsqu’il en a besoin d’un.





Après la traversée de grandes plaines, le chemin commence à serpenter entre les montagnes. La route, quoique bien présente sur Google Map, est formée d’une multitude des traces de voitures. Chacun choisissant le passage qui lui plaît ou qui lui semble praticable. Sur chacun des cols, des monticules de pierres et bois sont ornés de bandes de tissus colorés. Ce sont les marques de vénération des esprits de la montagne propres au chamanisme. Puis, à nouveau une steppe immense. Et ainsi de suite jusqu’à apercevoir l’enceinte peinte en rouge au fond de la vallée. L’arrivée au monastère est marquée par les passages à gué de la rivière qui serpente dans la vallée. Après les nombreux gués traversés en Islande, c’est la première fois que nous en avons un complètement gelé. Ça craque un peu sous nos roues mais ça tient le coup ! Le monastère, comme beaucoup d’autres, a subit l’intransigeance communiste. Mais depuis les années 90, il a été en majorité reconstruit. La porte du complexe est fermée à notre arrivée. Мөөгий toque à la yourte voisine puis se rend au dortoir Des Moines. Le jeune homme qui nous fait la visite semble quand même avoir froid dans sa robe rouge à ceinture dorée. Même avec chaque main enfilée dans l’autre manche. Le monastère est impressionnant et intéressant à visiter. Le complexe initial a été construit en l’honneur du premier leader spirituel du bouddhisme mongol, Занабазар (Zanabazar). Le temple principal est assez imposant et l’histoire de sa construction moderne marquée de rebondissements. Comme l’histoire du charpentier en charge du toit, jugé trop payé et fainéant qui est renvoyé à la maison. Après plusieurs décès de ses remplaçants pour tenter d’assembler les pièces de bois, il est décidé de le rappeler. Dommage, il est lui-même même décédé entre temps... La toiture n’a donc jamais été terminée et des colonnes ont été ajoutées pour soutenir une protection d’assemblage plus moderne. Ça nous rappelle les principes de construction traditionnelle chinoise où toutes les pièces sont assemblées comme un casse-tête ... chinois ! Dans la cour, comme dans tous les palais et monastères visités jusqu’ici, une belle yourte trône. C’est le lieu des cérémonies et réceptions de personnes importantes. Mais le plus majestueux reste l’intégration de ces bâtiments solennels dans le paysage de plaine enneigée et montagnes environnantes. Sur le chemin du retour, la neige commence à tomber. Les éleveurs s’affairent, ils sont nombreux à être de sortie pour rassembler leur troupeau. Certains sont à cheval, d’autre en moto, toujours accompagnés de chiens. Ces derniers semblent bien s’amuser à courir après les chèvres et moutons.




La température extérieure tourne toujours entre -10 et -20 degrés pendant la journée. On sent vraiment la différence entre les deux extrêmes. Au plus froid, les narines se collent quand l’humidité gèle. Au plus chaud, on peut même sortir faire pipi dehors sans manteau... enfin presque ! Le dimanche, nous avons 5h de route vers la ville de Мөрөн (Mörön). En chemin nous faisons une étape pour gravir un volcan de forme circulaire parfaite. La route en terre qui y mène est en réalité complètement enneigée. Мөөгий gère parfaitement sur la glace. Le cratère du Уран Тогоо (Uran Togoo) est seul dans la plaine. On gravit l’ascension en suivant les quelques traces dans la neige entre les arbres. C’est extrêmement grisant d’être seul dans des espaces aussi immenses. La suite de la route vers le nord est parfois complètement gelée ou enneigée. En mangeant le déjeuner dans un petit restaurant, on observe les quelques âmes qui vivent. Des dames allant jeter leurs poubelles traversant de grandes surfaces gelées en talons. Des petits oiseaux au ventre jaune gonflé cherchant des graines. Ou encore des camions transportant de bonnes quantités de laine et de peaux. Parfois, une moto avec quelques moutons à l’arrière.



Au départ, il était prévu que nous dormions deux nuits en hôtel à Мөрөн. Finalement, Maн a trouvé une pension au bord du lac Хөвсгөл. Ce dernier étant à 1h30 de voiture, cela nous permettra d’en profiter jusqu’aux derniers instants. Au matin, la ville de Мөрөн est prise dans un nuage de pollution. Il s’avère qu’il s’agit de la seconde ville la plus polluée du pays après la capitale (malgré une population de quelques dizaines de milliers d’âmes contre 1,5 M pour UB). La zone est encerclée de montagnes et quand il fait froid, tous les poêles brûlent bois ou charbon. La première étape du jour est un ensemble de pierres dressées et ornées, entre autres, de cerfs. Cela ressemble fortement aux menhirs gaulois et datent 1000 à 2000 ans avant notre ère. Ils mesurent de 1 à 2,5 mètres de haut et certains présentent des gravures encore très bien conservées. Ce sont les originales dont les copies étaient visibles au musée d’Улаанбаатар. Il semblerait qu’elles représentent des êtres humains car sur certaines des visages sont encore bien reconnaissables. On discerne également des ceintures, des boucles d’oreilles ou encore un bouclier. Il semble que les cerfs très nettement visibles soient en fait des tatouages. Ces pierres dressées sont au nombre de 700 dans le monde (sûrement bien plus en vrai car certaines ont été enterrées dans des tombes plus récentes), 500 en Mongolie et le reste dans les pays voisins comme la Russie, le Kazakhstan ou la Chine. Le site, perdu dans la steppe, est bordé de barrières métalliques. Sûrement pour empêcher le bétail de venir abîmer les précieuses reliques. De nombreuses crottes sont tout de même visibles et Estelle fait fuir un lièvre tranquillement assis sur un rocher. Le site est également composé de tumulus formés d’amas de pierres encerclées par des alignements de formes carrées ou rondes. Ils datent de la même période.



Depuis la veille, toutes les terres traversées sont couvertes de neige. Après l’étape sur le site funéraire, notre route nous emmène encore plus au nord. On prend également de l’altitude en grimpant dans la montagne. Nous atteignons ainsi les altitudes permettant l’élevage des yacks (1800 mètres, 1300 pour UB et la moyenne du pays, plus de 4000 pour les sommets les plus élevés à l’est). Ressemblant à des vaches au premier abord, ils ont en fait la fourrure bien plus longue et certains ressemblent à des yétis à quatre pattes ! La pension est atteinte à temps pour le déjeuner. Nous dormirons dans des yourtes pour la première fois... on est super content ! Nous passons l’après-midi au bord du lac. Tout d’abord sur sa côte ouest en traversant des forêts de résineux enneigés. L’eau du lac est extrêmement pure, environ 2% de la réserve d’eau douce de la planète. Malgré une température avoisinant les -20 degrés, l’eau n’est pas encore gelée à cet endroit. Cela rappelle vaguement à Médy ses cours de thermodynamique ! Les galets au bord de l’eau sont complètement gelés, collés entre deux par la glace. La partie du lac à côté de notre pension est, elle, bien gelée. Des motos roulent dessus et des gens récupèrent de l’eau claire par un trou dans la glace. Nous aussi on roule dessus avec notre gros 4x4. Maн et Мөөгий ne sont pas très confiants, on ressort du lac pour se garer au bord. La glace a une épaisseur de 15 à 20 cm et atteint les 1,30 m au cœur de l’hiver. C’est quand même suffisant pour marcher et s’amuser dessus. On se promène sur une glace complètement transparente. Des bruits fusent quand elle se fissure. Comme si on faisait claquer un câble d’acier ou un lasso. C’est également l’occasion de ressortir nos crampons achetés au Canada. Je prête les miens à Мөөгий que cela fait bien rire de marcher en bottines de ville sans glisser.






Le mardi, c’est déjà l’heure de rentrer à Эрдэнэт pour reprendre le train. Après un bon petit déjeuner et quelques dribbles avec le husky de la maison, on monte en voiture. C’est toujours un plaisir de traverser ces paysages. On se dit que tout nous paraîtra bien petit en rentrant en France. Les animaux sont toujours dans les parages. Les moutons sont ordonnés tous dans le même sens, face au vent. Les biquettes courtes sur pattes trottinent au bord des routes. Les yacks se promènent dans la neige en compagnie de quelques yétis. Les bœufs traversent la route pile quand on arrive. Les chevaux grattent la glace de leur sabots pour trouver de quoi se nourrir. Les vautours tournent dans le ciel ou attendent que l’on s’en aille pour retourner à leur festin...





Nous avons eu l’occasion de goûter plusieurs plats différents lors de cette première semaine. La nourriture était quelquechose qui nous inquiétait un peu avant notre arrivée. Les repas se sont avérés tous très bon. On a eu le droit à des soupes de légume et viande de mouton, des soupes à la betterave et viande de bœuf, des pains à la viande, de la viande sautée aux légumes, etc. C’était toujours très bon et jamais aussi fort qu’en Chine. Ce point de vue là a donc été une très agréable surprise pour nous.


6 commentaires:

les thev's en voyages a dit…

Encore une belle aventure bien gelée cette fois ci mais heureusement vous êtes équipée j adore hâte de relire avec papa ce soir je vous embrasse fort fort

Carvendas a dit…

C'est sûr que notre environnement est plus réduit en France mais on peut retrouver des groupes d'individus autour de braseros chez nous aussi sauf qu'ils ne sont pas vêtu de peaux de yacks mais de gilets jaunes !
Francis

Dinos a dit…

Bah, pour continuer le plein de gds espaces... Le Tibet, le Népal, le Bouthan... cerises sur le gâteau, non? Bises. Gene

Médy a dit…

Les gilets jaunes ont quand même l’air de moins tenir chaud ! Sinon, oui encore beaucoup d’endroits à visiter !

Rémi Ducret a dit…

Vous avez l'air de vous trouver dans votre élément! Alors que ça paraît pourtant plus froid et plus désert que tout ce que vous avez déjà traversé... Toujours aussi agréable de vous lire les amis. On vous embrasse fort sophie lili et moi

Estelle a dit…

Oui, on est heureux en hôtel milles étoiles ;) mais la douche à UB a fait du bien ! Bisous à toute la famille :)