Nous débarquons du bateau avec un peu de retard, sans trop savoir de quel côté trouver la sortie du port. Bien que nous ayons plutôt bien dormi, il nous faut retrouver quelques repères ! Le passage de la douane est très rapide, c’est notre premier Bongiorno ! On traverse les rues de Bari avec nos sacs à dos, sous le soleil italien. Les rues sont propres et le klaxon n’est pas trop utilisé. Les scooters s’arrêtent même aux feux rouges ! Sommes-nous bien en Italie ?! Notre hôte nous conseille une « boulangerie » et un « glacier » que l’on teste dès le midi. Notre première moitié de pizza enveloppée dans du papier mangée en marchant dans les petites rues du borgo de Bari est un délice. Ensuite, on mesure notre chance en dégustant notre glace achetée un peu plus loin, ce premier jour ensoleillé de février. 6€ dépensés pour ce premier repas dans un pays si gourmand, on sent qu’on va se régaler ! Nous poursuivons notre balade en visitant l’église de Saint Nicolas et sa crypte. Les murs nous semblent bien moins chargés que d’habitude... c’est normal : on a quitté le monde orthodoxe ! Le plafond est quand même superbement décoré. Le soir, on n’hésite pas longtemps pour tester une pizzeria du coin. Installés sur une mezzanine, on a une vue imprenable sur les pizzaiolos et l’organisation du service. Notre serveuse nous donne des conseils dans un anglais hésitant et charmant. On se régale à nouveau. Pas questions de partager la pizza ici. Il faut stopper instantanément cette habitude prise en Amérique du Nord et en Russie si l’on ne veut pas subir l’inquisition des locaux ! M
ême les enfants à côté de nous finissent la leur...
Nous récupérons une voiture à l’aéroport de Bari pour être autonomes dans nos déplacements. Direction une autre ville du bord de l’Adriatique : Trani. On longe la mer, en passant dans les villages vivants et ensoleillés. Il y a quand même pas mal de circulation, et ce n’est pas facile de se garer. Chanceux, on trouve une place dans une petite rue juste à côté de notre B&B ! De travers sur un trottoir mais comme toutes les autres voitures ! La découverte des rues étroites et des nombreuses arches de Trani nous prends l’après-midi suite à un bon plat de pâtes sur le port. Malgré le soleil et la température clémente, la mer est assez agitée. Au milieu des joggeuses et des perruches (aucun jeu de mots, il y avait de vraies perruches vertes dans les arbres du parc !), nous nous posons en regardant les vagues se fracasser sur les remparts de la ville. Le soleil se couchant plus tard, nous partons à l’assaut du château octogonal de Castel del Monte. Le vent s’intensifie et on manque de s’envoler en faisant le tour de ce fort à géométrie parfaite. De retour à Trani, il n’y a personne dans les restaurants du port. On se dit que le repas n’est peut-être pas servi avant 21h comme en Grèce... Mais non, tous les italiens sont autour de la place centrale. Ici ça boit, ça mange et on nous propose de revenir 30 minutes après pour avoir une table car la salle est comble. Pas déçus de l’attente, on se régale à nouveau de pizze en buvant une bière locale.
Le lendemain, on part tôt pour la péninsule du Gargano. Le petit déjeuner inclus dans le B&B est servi dans un café voisin au logement. Le nom italien colazione indique bien la frugalité de ce que l'on ne peut pas qualifier de repas. Il s'agit simplement d'un café accompagné d'une viennoiserie. Il est par contre très difficile d'avoir un croissant nature. On entend par là, sans Nutella, crème patissière et sans confiture. Quand nous demandons cela au tenancier, il attend la suite avec un air interrogatif... Parfois on se laisse convaincre, parfois on tient bon ! Après cette collation, nous longeons la mer et les lagunes de sel avant d’arriver aux pieds des falaises. La visite de la Basilica di San Michele Arcangelo nous enchante. Une messe est en cours quand nous découvrons la grotte principale. Cette roche énorme au dessus du chœur impose le respect. Une autre grotte nommée capella della Riconciliazion (c’est facile à comprendre, l’italien, hein ?) est beaucoup moins animée. Ne voyant pas comment rejoindre le musée, nous demandons à un monsieur qui nous ouvre les portes du musée qui donne accès à la première grotte. On est seuls tout au long de la visite, c’est super. On nous prête même une télécommande pour choisir la langue d’un descriptif sur haut-parleurs. Après une part de pizza mangée en parcourant la ville, Médy nous conduit à l’Abbazia di Pulsano. C’est un monastère à flan de falaise, entre deux canyons. En marchant on découvre les nombreux hermitages troglodytiques dans les falaises. Le décor est magnifique. On ose entrer dans une zone de silence pour découvrir une nouvelle grotte aménagée en une impressionnante église. Lieu de réunion, les chaises sont équipées de la même tablette qu’en salle Dunant au centre Richelieu de La Rochelle ! La reste de la journée est réservé à la foresta Umbra. On s’y perd dans les chemins retournés par des sangliers. Le soleil s’enfonce déjà dans la mer quand nous arrivons à Peschici. La route zig-zague le long de la falaise, le ciel nous fait le spectacle en se reflétant sur la mer.
Nous quittons la ville de Trani le lundi 4 février sans en avoir visité la basilique qui semblait à ne pas manquer. En basse saison, les horaires d’ouverture ont l’air bien souples. En parlant de souplesse, la conduite en Italie du sud (et comme en Grèce d’ailleurs) nécessite une grande agilité mentale. Même si une vigilance constante est nécessaire pour éviter toute percussion, c’est l’acceptation de l’« organisation » locale qui permet de tenir dans le temps. Dans les milieux professionnels, il est souvent question d’agilité des organisations passant par celle des personnes. On a la solution ! Venez conduire en Italie du sud et quand vous êtes à l’aise, vous avez quelques bases d’agilité !
Matera, Ma terre ... Tout le monde nous a conseillé de voir Matera. Vu le nombre de choses conseillées par le guide du routard, on y a réservé 3 nuits soit deux jours entiers. Sur le chemin, nous nous arrêtons à Gravina in Puglia, qui a aussi l’air d’une ville pleine de surprises. Nous y avons réservé la visite de souterrains prévue à 15h. Nous nous renseignons à l’office de tourisme pour connaître les heures de visite de certains sites, on est embarqués de suite par un guide de la ville qui nous ouvre les portes d’un des trésors de Gravina : une église rupestre. Il nous parle aussi de la langue du coin, faite des diverses occupations au cours des siècles et bien différente de l’Italien. Cela nous fait penser au patois bretons, au basque, à l’occitan... Ici cette langue est encore très utilisée, même par les jeunes. Notre guide est donc au moins trilingue, vu son bon niveau de français ! Les paroies de l’église sont recouvertes de fresques qui ont traversé le millénaire. Un peu plus loin, ce sont des centaines de crânes et ossements entassés qui nous surprennent. Ils viennent d’une fosse commune utilisée en dernier lors de l’invasion des sarrasins. On est en contrebas de la ville et la rivière coule fort, ça résonne un peu avec les paroles de notre guide qui explique les coutumes et fêtes liées à ce lieu important. L’utilité des grottes pour les résistants lors de la seconde guerre mondiale. Ça y est, la magie des grottes s’est emparée de nous, et ne nous quittera plus pour les 4 jours à venir.
Après un tour dans la ville, nous traversons un pont qui nous mène de l’autre côté du ravin. On y voit la ville entière mais aussi quelques ruines et un cimetière. Nous n’avons pas encore trouvé de restaurant ouvert, et quelques gouttes commencent à tomber lorsqu’un renard traverse la ruelle. C’est une Osteria qui nous met au chaud en nous proposant un antipasti + primi pasti que nous acceptons avec plaisir. Le pain est fait avec les céréales d’ici, il est sans gluten, et pourrait correspondre au gra (grain) de Gravina. On se régale sans goûter à la deuxième partie du nom de la ville ;)
Il pleut à torrent quand nous sortons de la taverne. On pense à Hydra (voir l’article en Grèce) en sautant de pavés en pavés. Nos guides sont pourtant là. Un qui parle parfaitement français, l’autre qui surveille l’entrée du souterrain. On découvre le sous-sol creusé à coups de pioches. C’est impressionnant ! La citerne récoltant l’eau de pluie, celle où l’on écrasait les grains de raisin pour le vin, celle où les tonneaux étaient conservés, le garde manger et finalement, la plus profonde où l’extraction des pierres a l’air de s’être suspendue du jour au lendemain. On comprends que toutes les maisons ont ces souterrains, qui sont abandonnés depuis les années 60. L’association assurant les visites a fait un énorme travail de nettoyage, sécurisation et mise en valeur ! On repart sous la pluie et heureux de ces découvertes, sans se douter de l’introduction parfaite de Gravina à Matera.
Le déluge n’a pas cessé de l’après-midi. Si bien que la route se retrouve par moments complètement submergée. L’eau refoule des bouches d’égouts et pour une fois, les italiens ne roulent pas à toute vitesse. Nous arrivons tout de même et nous garons dans une micro ruelle comme tout le monde. Il nous est quand même nécessaire de faire une marche arrière sinueuse quand la rue atteint une largeur inaccessible. On se rend compte que le B&B que nous avions réservé est vraiment bien placé. Ruelle propre et calme juste à l’entrée du sasso Caveoso.
Il est difficile, par écrit, de retranscrire les émotions qui nous ont été procurées par la découverte de Matera. Tout d’abord, la zone qui concentre les attraits touristiques est composée de deux sassi. Ce sont des quartiers semi troglodytes et semi construits avec les pierres extraites. Ils sont chacun dans une ravine séparée et se repartissent des deux côtés d’une butte. Leur doux noms sont Caveoso et Barisano, à prononcer avec l’accent italien bien entendu ! Les deux sassi débouchent sur la même grande ravine au delà de laquelle on aperçoit quelques grottes et églises. Mais bien plus éparses que du côté de la majeure partie de la ville. Car l’une des composantes fortes de Matera est l’enchevêtrement de ruelles, maisons, grottes, terrasses et églises dans tous les sens et sur tous les niveaux. Tout cela donne malgré tout un aspect homogène en matière du fait de la même roche utilisée partout. Quand on pénètre dans les maisons-musées, on imagine le travail nécessaire à l’extraction des pierres. C’est aussi un bon moyen de découvrir le mode de vie des habitants jusque dans les années soixante.
Les cavités sont systématiquement de forme voûtée pour une raison structurelle évidente. La plupart des maisons étaient équipées de citernes collectant l’eau de pluie. La présence de ces réservoirs est justifiée par la porosité du sol calcaire de la région. La rivière coulant au fond du ravin transporte une grande quantité de boue lors de notre passage. Et on imagine aisément qu’en été la rivière doit être facilement à sec. Cette absence d’eau propre à la consommation en surface rend la collecte des eaux de pluie indispensable. Les citernes sont toutes recouvertes d’un enduit étanche datant, au minimum, de l’antiquité. Son nom, qui nous sera rappelé plusieurs fois par la suite, est cocciopesto. Mais il y a une citerne qui se démarque des autres. Sous la place principale, se trouve une réserve publique disponible pour l’ensemble des habitants. Les dimensions de la cathédrale de l’eau sont le résultat du rassemblement de nombreuses citernes privées pour l’utilisation de tous. La guide nous parle des récits de sa grand-mère avec beaucoup d’émotion. Cette dernière avait fait partie des dernières utilisateurs des puits publics avant l’arrivée de l’eau courante par aqueduc. Tout le monde avait alors conscience de la capacité du réservoir sans jamais en connaître la position exacte. Puis son existence était devenue un mythe de par son inutilité et la suppression des puits qui en indiquaient la position. Ce n’est que dans les années 2010 que des travaux de fouilles ont été entrepris. Un aménagement a ensuite été réalisé pour nous permettre de rentrer dedans. L’organisation anarchique contraste avec la citerne bien régulière d’Istanboul visitée par Médy 13 ans auparavant.
La ville regorge d’églises. Les plus atypiques sont celles qui sont creusées dans la roche. Certaines d’entre elles sont décorées de peintures rupestres remontant jusqu’aux environs du 9ème siècle. L’état de conservation est parfois saisissant. C’est le cas de la fresque sur le péché originel dans une grotte à quelques kilomètres du centre. Certaines églises font également office de lieu d’exposition pour l’année 2019. Car Matera est capitale européenne de la culture cette année là ! Des lieux singuliers se retrouvent ainsi à accueillir des œuvres d’art tout aussi singulières. C’est le cas de l’exposition Dalí dans la chiesa rupestre di Madonna delle Virtù. L’élection de la ville en tant que capitale de la culture a fait l’objet d’une vidéo de présentation de la ville plutôt intéressante. Nous la visualisons dans une grotte / maison d’exposition. C’est un bon moyen pour nous de comprendre la vie dans les sassi au fil des siècles. Et surtout qu’est-ce qui fait le caractère unique de la ville et sa population. Une bonne synthèse est disponible sur le site de l’UNESCO pour expliquer les raisons de son classement au patrimoine mondial :
ici.
Comme vous l’avez peut-être remarqué si vous avez visité le site précédent, l’établissement des humains à Matera remonte à plus de 2000 ans. L’aspect de la ville et sa population millénaire créent beaucoup de ressemblance avec la Cisjordanie. Ceci est extrêmement bien mis en avant au palais Lafranchi. Une exposition photos très bien faite capte joliment les rapprochements possibles entre Pétra ou Bethlehem et Matera. Notre découverte des habitants et habitations des sassi est ponctuée par de belles découvertes de bars, restaurants, cafés, ... La plupart des restaurants que nous choisissons se trouvent dans des grottes. Tous les soirs, nous nous enfonçons donc dans les profondeurs de la terre pour goûter de nouveaux plats locaux. Il y en a d’ailleurs un bon nombre à base de pois que l’on a rarement l’habitude d’associer avec des pâtes. Après deux jours entiers sur place, il est temps pour nous de retourner à Bari et de rendre la voiture de location. La prochaine étape étant la ville de Naples, il n’est pas nécessaire de tenter le diable en y pénétrant en voiture ! Nous faisons tout de même face à un dernier test sur la route du retour. La voie rapide est stoppée instantanément sans aucune signalisation. Tout le monde tourne dans tous les sens, semi-remorques inclus. Le GPS n'est plus vraiment utile puisqu'il ne connait pas la moitié des voies existantes. Nous nous en sortons au talent, pour conclure la location de notre petite voiture.
Notre arrivée à Napoli se fait en bus. Les voitures se faufilent dans tous les sens, notre chauffeur est obligé de s’arreter pour pousser un conducteur trop lent à coups de klaxon. Quelques secondes après, le gêneur trouve un endroit où se faufiler. Une passagère dit alors : « capito ! bravo ! complimenti ! » C’est bon, nous sommes bien arrivés à Naples ! Le reste de la soirée est sur les thèmes de la musique. L'accordéon dans le métro, le saxophoniste depuis notre superbe chambre. C’est Marco, un vieil ami de Fabio, l’ami de Médy (napolitain de naissance et rochefortais d’adoption) qui nous accueille dans la capitale du sud. Il nous indique tous les endroits à visiter, mais surtout où manger ! Notre première pizza napolitaine est chez Brandi. Ce n’est pas moins que le lieu d’invention de la pizza Margarita ! On se dit qu’on risque de rentrer obèses... Surtout avec les délicieux petits déjeuners du B&B servis par Davide le frère de Marco. Et oui, ici tout est histoire de Famille !
Nos deux premières journées à Naples sont consacrées à la visite de la ville, sur les conseils de Fabio, Marco, Davide et... du routard ! On commence par le musée archéologique, pour ne pas être trop dépaysés par rapport à la Grèce. On découvre aussi la ville souterraine, recouverte à plusieurs reprises, elle a servi et sert encore de caves aux habitants. On reconnaît pourtant bien les rues et la partie de marche dégagée par les archéologues. On marche aussi sur une ancienne décharge qui a servi d’abris pendant la guerre, ou entre des murs étroits pour s’approcher de l’eau claire. C’est sous le lit d’une maison traditionnelle qu’on a accès au sommet des gradins de l’ancien amphithéâtre... Toute cette partie de ville avait été décimée au premier siècle, ça n’a pas empêché les napolitains de reconstruire par dessus ! On est aussi impressionnés par les liens fort avec les morts. Que ce soit en visitant les catacombes derrière l’hôpital ou la crypte du purgatoire, les napolitains ont des habitudes mortuaires bien ancrées. On croise ainsi une dame qui prie dans la rue face au soupirail de la crypte d'une église de purgatoire. Mais c’est en découvrant les cimetières de Fontanelle qu’on reste scotchés. Cet amoncellement d’os et de crânes « propres » et rangés fait une drôle d’impression !
Les ossements des personnes réfugiées au bord de la mer à Herculanum morts dans les jours qui ont suivi l’éruption du Vésuve font aussi un drôle d’effet ! C’est le 3ème jour que nous découvrons cette ville moins connue que Pompéi mais pourtant très bien conservée, grâce aux boues ardentes et à la lave qui l’on recouverte. On y entre comme on visiterait une vieille ville fortifiée, mais c’est un grand mur de lave et de boue durcies qui entoure la partie de la ville explorée. De maison en magasin, on découvre des amphores totalement conservées, des fresques et mosaïques magnifiques, des poutres calcinées encore en place... C’est assez incroyable ! Entre la gare de train et l’entrée du site, les quelques cafés ont adopté une drôle de technique pour appâter les clients. C’est le claquement des menus sous le nez des gens dans la rue. Passé l’étonnement, on rigole bien ! La météo ne permet pas de gravir le Vésuve. Tant pis, la prochaine occasion d’y monter quelques jours plus tard sera la bonne.
Nous découvrons également l'ambiance des ruelles de la ville. De magnifiques fresques recouvrent de nombreuses façades d'immeubles. Les sirènes ventripotentes nous rappellent celles d'Alice, notre illustratrice préférée (voir le lien de la page
Poursuivre le voyage pour découvrir tout son travail et les sirènes sont
ici). Le street art est vraiment omniprésent ce qui rend la découverte des différents quartiers très agréable. Il est impossible d'évoquer les rues napolitaines sans parler des scooters. Il zigzaguent et klaxonnent constamment. Rarement seuls sur leurs Vespa, tout le monde discute. C'est bruyant, c'est souriant, c'est vivant quoi ! Il nous est arrivé d'en voir trois, chacun sur son bolide, en train de discuter en pleine rue. Les voiturettes klaxonnent, contournent et continuent leur chemin. La quasi totalité de rues de Naples est couverte de dalles en pierre volcanique noire. Une fois polie, cette roche devient très glissante. Cela permet aux locaux de prendre les virages en dérapant pour ajouter un peu de piment à leur course. Quand les femmes prennent le guidon en main, nous remarquons qu'elles portent rarement un casque. Cela se comprend en même temps. Comment conserver des coiffures si bien arrangées avec une abomination telle que le casque ! Mais le symbole du charme et de la classe ici, ce sont les gendarmes. Les fameux carabinieri au volant de leur Alfa Roméo flambant neuve ou de leur moto BMW rutilante. Ils se retrouvent sur des places telles que la piazza Del Gesù Nuovo. Ils se font tous la bise et l'accolade. Puis retirent leur lunettes de soleil Ray-Ban ou Persol avant de rentrer dans le bar pour boire un verre de blanc. Et finalement, c'est la queue aux toilettes pour se recoiffer avant de reprendre du service. Les policiers municipaux ont la mission un peu moins glamour de courser les vendeurs à la sauvette. Ce jeux du chat et la souris fait sourire tout le monde et ne cesse jamais vraiment. En même temps, cela donne du travail à tout le monde !
Pour le dernier jour où nous logeons à Naples, il est prévu que nous visitions l’île de Capri. Cette date avait été déterminée car présentant les meilleures conditions météo. C’est un échec presque total ! On se réveille tôt, on engloutit un copieux petit déjeuner pour pouvoir encaisser les kilomètres de marche sur le rocher qui nous attendent. Puis on se retrouve à attendre le bateau de midi car les aéroglisseurs du matin ne sont pas capables de naviguer sur une mer dans cet état... Là on devrait se douter que ce n’est pas bon signe ! On choisi d’attendre en faisant une petite promenade. La mer s’avère bien agitée et le bateau est balancé dans tous les sens. Il y a même des moments qui paraissent bien longs où le navire reste dans le vide... Estelle n’est pas bien. Elle s’allonge sur une banquette libre et se masse la tête. Ça fonctionne bien, elle termine le voyage intacte. Ce n’est pas le cas de bon nombre de passagers. La traversée est ponctuée des vomissements de personnes qui ne semblent pas trop apprécier roulis et tangages ! Une fois sur l’île, nous entamons une promenade sur les flancs escarpés. Le ciel est franchement couvert et la pluie ne tarde pas à tomber. Cela fait ressortir l’odeur de certaines plantes, ce n’est finalement pas si désagréable. Le nuage passe et c’est un magnifique soleil qui nous éclaire, nous les promeneurs de l’extrême et les falaises. Mais un second nuage arrive car le vent souffle très fort ... Et celui-là ne rigole pas ! Tout s’envole. Dans la ville, chaque coin de rue est un obstacle à franchir sans glisser sur les pavés mouillés. La grêle s’ajoute à tout cela pendant quelque instants. On s’abrite dans le seul café ouvert. Malgré les mises en gardes du guide du routard, les prix sont raisonnables. C’est par ce que ce ne sont pas les prix des consommations sur place... il faut donc compter 4€ pour l’expresso et ceux qui souhaitent un gin tonic doivent aligner 14€ ! Dans le bateau du retour, nous restons dehors par précaution. La mer n’est finalement pas si agitée mais un orage éclate sur l’île. Nous sommes sauvés ... on observe les éclairs de loin.
Après 5 nuits passées à Naples dans le super appartement de la rue Chiaia, nous rejoignons la côte Amalfitaine. Pour cela, train jusqu’à Sorrento puis bus jusqu’à Amalfi. On a quasiment le train pour nous tout seuls après avoir dépassé Pompéi. Le métier de chauffeur de bus doit vraiment une saveur différente dans ce coin. La route est étroite, les virages sont serrés et la falaise est à pic jusqu’à la mer ! Le klaxon est de rigueur à chaque virage et les durs de la feuille n’ont qu’à faire des marches arrières périlleuses pour nous laisser passer. Quand c’est un autre bus ou un camion, c’est de quelques millimètres que l’on s’évite et certains passagers ne font pas les fiers. Après le mauvais temps de la veille, le grand ciel bleu est enfin de la partie ! Et il ne nous quittera plus tout au long de notre séjour dans le sud. Sur le bord de la route, plusieurs mimosas en fleur nous font penser à mutti Sylvie. Les citronniers sont nombreux et les marchands exposent des spécimens aussi gros que des melons. Sur le coup Estelle estime la taille similaire à des pastèques. Mais ça diminue jusqu’au moment de la rédaction de cet article ! Nous posons ne sacs à dos à Amalfi pour deux nuits dans l’après-midi. L’hôtel occupe un bâtiment du 16ème siècle et la déco se veut authentique. Le carrelage est fleuri et les meubles patinés occupent tous les recoins. C’est kitch mais très sympa. Et en plus, nous avons une très belle vue sur la mer depuis le petit balcon. Pour se promener dans cette ville, il ne faut pas hésiter à emprunter les ruelles minuscules. On se retrouve rapidement dans un dédale de tunnels sous les bâtisses. On s’y perd un peu, c’est très agréable. Si nous n’avions pas eu l’objectif d’emprunter un petit sentier jusqu’au village voisin, on se dit que nous ne nous serions peut-être jamais risqué dans ces venelles. Ça monte et ça descend constamment mais on se retrouve quand même rapidement à dominer l’eau bleue. Il y a un peu de vent et la mer n’est pas si calme. On peut même voir les embruns se former dans des tourbillons blancs. Le soir, au restaurant, nous faisons les frais de s'être installés dans une ville touristique. A la différence de Naples, tout est vide à 20h30. Dans le seul restaurant ouvert, les deux serveurs ont l'air en bisbille. Le plus âgé des deux a en fait passé la soirée à discuter avec les clientes de la table voisine. Le second a donc eu à gérer le reste des clients quand le premier faisait la cour à ces dames à grand renforts de limoncello.
Si nous logeons à Amalfi, c’est pour accéder rapidement au sentiero degli dei (sentier des dieux). Le bus qui nous dépose aux pieds du sentier emprunte une route encore plus sinueuse et étroite que la veille. C’est par ce que nous montons au point le plus haut du sentier pour descendre tout doucement les 6 kilomètres jusqu’à Positano. La ballade est magnifique. La vue est impressionnante. Les quelques cultures possibles ici se font en étages. Les modestes maisons et le monastère que nous apercevons sont accrochées aux rochers dans ce cadre idyllique. Les lieux ont des noms tout mimi comme la grotta biscotti. Il nous faut également franchir un monticule de terre sur une section ayant subi un glissement de terrain. Sûrement le résultat des pluies importantes de la veille. Le sentier se termine à Nocelle et le cadre est tout aussi splendide. Plus habité que le long du chemin mais avec beaucoup de charme. Nous rejoignons Positano en dévalant les 1700 marches. Nous sommes accueillis sur la route par deux belles Fiat rouge et jaune aussi minuscule l’une que l’autre. C’est l’hiver, beaucoup de bâtiments sont en rénovation. Seuls quelques commerces sont ouverts. Cela n’enlève en rien au charme de la ville et Estelle peut même tremper les pieds dans l’eau. En attendant le bus retour, nous faisons connaissance avec un couple roumain adorable. On est bien content de les avoir rencontré car il est impossible d’acheter des tickets à bord et ils en ont deux en rab.
Le 14 février, nous voilà de retour sur les pavés volcaniques de Naples avant le train pour Venise. Nous faisons un arrêt à Herculaneum pour enfin grimper le fameux Vésuve. Les temps est dégagé, c’est le bon moment. La vue est belle de là-haut. Ça nous fait un petit pincement au cœur en se disant qu’on a commencé ce long voyage par une autre terre volcanique. Le cratère a une forme bien distinctive et quelques colonnes de fumée s’élèvent par endroits. Le vent souffle fort sur la crête, il faut lutter pour ne pas être poussé au fond du trou ! De retour à Naples il nous reste deux points sur la mise des choses à faire. Premièrement, se rendre sur la place Garibaldi où Fabio a grandit et y a tenu un restaurant dans une vie antérieure. Secondement, goûter le ragù local dans au resto Tandem dont c’est la spécialité. Nous avons peur de ne pas trouver de place car c’est le jour des valentins. Vue la multitude de cœurs lumineux et autres décorations dans les rues, il semble que ce soit un jour très important ici. Nous avons finalement une table dans la rue et la température est carrément acceptable. Le ragù est délicieux, nous ne sommes vraiment pas déçus de tous les conseils de Marco.
Vendredi, nous quittons Naples avec un super souvenir de cette région. L’ambiance des rues est formidable. Nous pensons vraiment en avoir profité lors des promenades ou en poussant la porte des échoppes. Les sourires et l’authenticité des habitants nous ont aidés à se sentir bien. Que du bonheur !