Dernier jours de voyage - Venise et son carnaval 🇮🇹

Nous avons choisi le train pour traverser l’Italie. Nous passons par Rome, Florence, Bologne, ... Autant de villes où nous nous serions bien arrêtés si nous avions eu un mois de plus. Mais nous avons choisi de découvrir Venise pour finir ce périple.

On traverse la lagune depuis notre wagon. Le soleil se couche et les usines se distinguent bien sur la ligne d’horizon plane. La gare est au bord du canal principal. Les lumières du soir se reflètent sur l’eau et colorent les belles façades. Un violoniste termine cette belle scène d'accueil. Notre ticket 3 jours en poche, nous sommes déposés au pont du Rialto par le vaporeto. Et oui, le transport public ici, c'est un bateau ! Dès le premier soir, Médy se rend dans une librairie internationale pour se procurer un guide de la ville en français. La boutique en elle-même vaut le détour avec ses livres partout. Il y a même plusieurs gondoles et des baignoires. C'est l'une des seules fois du voyage où nous nous sommes séparés. Il faut bien se préparer au retour en vivant chacun notre vie !

Sans le savoir, la cérémonie d'ouverture du fameux carnaval tombe exactement sur le long weekend que nous avons prévu dans la cité des Doges. Découvrant cela, nous préférons donc favoriser les animations spécifiques au risque de ne pas visiter tous les musées incontournables. L'ambiance festive est présente partout dans la ville. Certains se promènent en dansant et sifflant. Beaucoup de bonne humeur remplit les ruelles. Le décolleté des bourgeoises de tous âges font hurler les meutes de loups. Les couples costumés arborent fièrement leur tenue sur la place Saint Marc.

C'est justement par cette place Saint Marc que nous débutons la visite. Nous avions lu qu'il fallait faire les attractions principales suffisamment tôt pour éviter la foule. La longueur des files d'attente quelques heures après nos visites leur donnent raison. Une fois au milieu de la place, nous prenons quelques instants pour en faire le tour du regard. Le ciel est bleu et les dorures commencent à briller un peu partout. Depuis la Sibérie, nous avons pu apprécier de nombreuses mosaïques. Les immenses exemplaires de la basilique forment une belle conclusion à cette série. Nous parcourons le lieu en découvrant les marbres, peintures et autres décorations de grande valeur. Sur le balcon, nous profitons du soleil en observant la place et la lagune d'en haut. Quasiment toutes les sculptures et reliques exposées ont été ramenées lors de la quatrième croisade. Cette mission qui se termina par le sac de Constantinople et donc la rapatriement de nombreux trésors.

Après être redescendus sur la place Saint Marc, nous enchaînons par la visite du palais des doges. Chef d'oeuvre d'architecture rempli de sculptures, gravures et parements qui imposent le respect. Le parcours bien tracé de la visite nous fait découvrir les divers styles présents ici. Toutes les fonctions des pièces de ce palais de gouvernance sont expliquées en détail. Généralement, la décoration accompagne la fonction. Les qualités demandées aux différentes instances sont donc représentées en peinture. Souvent, l'allégorie et la métaphore sont de mise. La visite ne manque évidemment pas le fameux pont des soupirs. Ce nom provient de la réaction des condamnés en sortant de la salle de jugement et poussés vers la prison voisine. A la sortie du palais, la place est noire de monde. On se dit que l'on a bien fait de débuter tôt pour découvrir les lieux incontournables de ce centre névralgique de la sérénissime. Nous en profitons donc pour aller nous perdre dans les ruelles un peu moins encombrées. On tourne à l'intuition pour aller dévorer notre part de pizza méritée sur les marches d'une place ensoleillée. Au hasard d'une ruelle une boutique de souvenir propose de joli masques simples. Ca y est, nous sommes prêts pour les festivités ! Le reste de l'après-midi est passé sur l'eau en profitant du pass 3 jours acheté la veille. La découverte de la ville par la traversée du grand canal offre de nouvelles perspectives. Nous pouvons ainsi apprécier les façades de nombreux palais. Une petite incompréhension nous mène également aux abords d'un quartier plus industriel de la ville. Ce n'est pas inintéressant, on voit ainsi la face cachée de cette ville-parc d'attraction.

Le repas du soir n'est pas plus luxueux que celui du midi. Craignant les rabatteurs de la majorité des adresses, nous optons pour un point de vente de pâtes à emporter. Les ingrédients sont frais, le serveur est sympathique, on ne demande pas mieux ! Pendant que l'on mange nos pâtes, nous faisons enfin route pour le canal Cannaregio. Maintenant que la nuit est tombée, il est temps de faire parader les gondoles décorées du carnaval. L'accès aux quais a de quoi en décourager plusieurs. Nous attendons plus d'une heure sans bouger que les barrières soient levées. Nombreux sont ceux qui essayent de doubler, avec plus ou moins d'aplomb quand on leur fait remarquer. Ca a le dont d'énerver notre voisin. Il fait appel à la police pour retenir une blonde quadragénaire qui n'hésites pas à mentir pour se justifier... Finalement, ce voisin fini par doubler tout le monde quand une faille apparait dans le cordon de sécurité ! Nous gardons notre bonne humeur et observons tout ce monde avec détachement. Derrière nous, de jeunes fêtards parlent une langue ressemblant franchement au russe. Nous reconnaissons certains mots. Mais quelques intonations sonnent faux à nos oreilles, on est des pros du russe maintenant quand même ! Nous concluons qu'il doit s'agir d'une langue slave. On discerne plusieurs fois ces intonations au cours du weekend en se disant qu'il y a des chances que ce soit du slovène étant donné la proximité de la frontière. Le défilé qui s'ensuit est très poétique. Le jeu de lumières et les reflets sur l'eau aident à donner un aspect mystérieux. Les danseuses font la démonstration de leur souplesse au rythme d'une douce musique et du bateau qui les porte. Il est minuit passé lorsque nous atteignons notre chambre après avoir traversé la ville à pieds. Aujourd'hui aussi on a bien crapahuté !

La seconde animation de ce weekend d'ouverture du carnaval est une régate, toujours sur le canal Cannaregio. Cela se passe sous le beau soleil du dimanche matin. Nous sommes un peu plus ponctuels que la veille et attendons une bonne heure la course qui n'a pas lieu (ou alors on n'était pas si ponctuels que ça...) puis le défilé diurne. L'ambiance est toujours aussi bonne. Tous les déguisés continuent d'être aussi fiers quand il leur est demandé de poser pour des photos. Le soleil tape, cela tombe bien qu'un bar se trouve miraculeusement à 3 mètres de là où nous sommes perchés. Il est 12h quand les gondoles commencent à arriver. C'est la fin du défilé pour les marins en costume qui tentent d'apponter là où ils peuvent. Certains bateaux forment une fanfare, d'autres sont remplis de Mario ou Luigi, il y a même un énorme rat ! Les enfants qui ont la chance de se trouver sur des balcons font pleuvoir les confettis qui brillent dans les rayons du soleil.

Nous repartons de la zone d'animation en dégustant une bonne glace. Le regard d'une jeune fille que l'on croise en dit long sur la jalousie qu'elle nous porte. La négociation qui a suivi avec son père avait l'air d'être virulente ! Il nous avait été recommandé par Justine (à qui nous avions rendu visite au Canada en septembre, voir cet article) de visiter le palais Ca' d'Oro. Nous avons la chance de faire la visite seuls. La cours du rez-de-chaussée donne sur le grand canal. La lumière traverse les colonnades pour mettre en valeur le magnifique sol en marbre. Le patchwork de motifs de ce parterre est vraiment impressionnant. Nous y restons un bon moment pour apprécier la sérénité du lieu. Les étages sont occupés par des expositions de peintures et sculptures. On profite du reste de la journée pour aller marcher dans un quartier encore peu exploré. Nous terminons la journée par une bonne pizza sur une placette, même pas peur du froid ! Estelle ressort son manteau d'hiver sibérien quand même...

L’ambiance du lundi est bien différente : moins de monde et du brouillard. Nous en profitons pour découvrir le musée Correr. On y croise, entre autre de nombreuses statues antiques, icônes byzantines, mobilier de la princesse Sissi, globes terrestres de différentes époques, ... On est impressionnés par l’exposition qui nous parle des livres vendus par un libraire Venicien. Le travail de statistique et de recherche donne le vertige, pour un rendu clair et simple sur plusieurs aspects des livres. On y croise une vielle « fake news » constituée de dessins formant une BD montrant des juifs pratiquer la torture. Ces images fortement distribuées auraient contribué aux massacres de juifs peu de temps après ! On découvre aussi que Léonard de Vinci avait dans sa bibliothèque moins d’une trentaine de livres, sur des domaines divers tels que la géographie, la littérature, l’architecture, la cuisine, ... On note également l'existence d'un site qui permet de suivre des enquêtes sur des livres anciens, ... ça a l’air passionnant ! Médy est satisfait d'enfin découvrir une oeuvre du peintre ayant inventé un rouge fameux. Le bien nommé Carpaccio ! On continue de se promener quelques heures dans de nouveaux quartiers. Le dernier palais que nous visitons est le Ca' Rezzonico. Là aussi, nous traversons de belles pièces à l'architecture impressionnante et exposant de belles collections d'oeuvres d'art. Le soleil tente de percer la couche de brouillard sans jamais y arriver vraiment. Comme si la réalité de l'hiver nous rattrapait. On est en février tout de même...

La visibilité ne s'améliore pas d'un mètre le lendemain. Et il est temps pour nous de décoller une dernière fois... On monte dans l'avion avec quelques appréhensions mais surtout une multitude de souvenirs exceptionnels !